Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du vendredi 14 janvier 2022 à 15h00
Outils de gestion de la crise sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Victor Hugo écrivait dans Actes et paroles : « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Être libre, rien n'est plus grave ; la liberté est pesante, et toutes les chaînes qu'elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience […]. »

Tous les débats qui animent l'Assemblée nationale depuis deux cent trente-trois ans renvoient finalement au difficile équilibre entre, d'un côté, la liberté, représentée par la statue se trouvant sur ma droite, de l'autre l'ordre, qu'incarne la statue à ma gauche. Déjà en 1789, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen affirmait que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Les bornes sont fixées par la loi, qui est l'expression de la volonté générale, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse.

Dans cette crise de la covid, depuis deux ans, nous arbitrons entre, d'un côté, la nécessaire protection des libertés, et, de l'autre, la nécessaire protection de la sécurité de chacune et chacun d'entre nous, puisque la première des sécurités est évidemment la santé. Il n'est jamais facile de restreindre les libertés ; c'est un équilibre que nous devons trouver. L'an dernier, comme déjà en 2020, nous avons dû restreindre la liberté de tous nos concitoyens à travers les confinements et les couvre-feux. Depuis le mois de janvier 2021, nous disposons de vaccins qui, s'ils n'ont pas empêché la transmission du virus par les personnes contagieuses, ont en revanche permis d'éviter les formes graves de la maladie, celles qui amenaient à l'hôpital, en réanimation ou au cimetière. Aujourd'hui, 90 % de nos concitoyens éligibles à la vaccination ont choisi celle-ci ; 10 % ont refusé.

Actuellement, le virus circule beaucoup et les patients en réanimation sont nombreux – plus de 4 000, je l'indiquais tout à l'heure, presque exclusivement des personnes non-vaccinées ou immunodéprimées. Si nous laissons donc la situation évoluer d'elle-même, nous savons que d'ici quelques semaines, au rythme de contamination actuel, nous risquons de devoir rétablir des mesures restrictives de liberté telles que le confinement et le couvre-feu. En attendant, ceux parmi les 4 000 patients en réanimation qui avaient choisi de ne pas être vaccinés prennent la place de malades qui auraient dû être opérés d'un cancer, d'une maladie cardiovasculaire ou subir un autre acte chirurgical urgent. Cela retardera la prise en charge de ces malades et constituera donc une perte de chance pour leur santé.

Nous recevons tous de nombreux messages, des mails, des lettres, parfois en recommandé, de concitoyens nous demandant de préserver leur liberté de ne pas se faire vacciner. Pourtant, il nous faut trancher, car, dans une nation, qui est une sorte de grande famille, il n'est pas possible que 10 % de la population risquent la liberté, la santé et la protection des 90 % qui ont joué le jeu.

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