Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du vendredi 14 janvier 2022 à 15h00
Outils de gestion de la crise sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Arrêtez les frais, arrêtez les dégâts ! Je ne sais pas quelle expression utiliser pour vous le faire comprendre, mais il est urgent, au moment où les Français subissent à la fois une nouvelle vague épidémique et les effets de la pagaille que vous avez semée, de ne pas leur imposer de surcroît une mesure aussi liberticide qu'inefficace.

Personne ne peut croire – surtout si la situation est aussi urgente que vous le prétendez – que le tweet d'un sénateur ait pu faire échouer la CMP. Nous le savons tous : cet échec n'est que le fruit d'une posture politicienne, adoptée par des gens qui sont davantage tournés vers la prochaine élection présidentielle et préoccupés par l'évolution des rapports de force que soucieux de l'intérêt général. On le voit bien, l'urgence devient très relative quand il s'agit de s'imposer face au Sénat et de revenir sur toutes les modifications qu'il a apportées au texte.

Cette attitude est incompréhensible tant l'épidémie exige que nous discutions sérieusement de l'organisation de la société, des moyens d'anticiper et de faire face aux vagues épidémiques telles que celle due au variant omicron. Ne croyez-vous pas que nous avons assez perdu de temps avec ces débats, ou plutôt ces passages en force sur des passes mal nommés, puisqu'ils ont en réalité pour but d'interdire et de discriminer et n'ont aucun effet sur l'actuelle vague épidémique ? Olivier Véran, le 16 décembre, se réjouissait à la perspective que les effets du variant omicron soient moins graves en France qu'en Grande-Bretagne, mais d'autres esprits, un peu plus éclairés, savaient bien ce qui nous attendait dès lors que celui-ci se superposerait à la vague delta que nous subissions encore.

Plutôt que de discuter du passe sanitaire – dont l'inutilité est frappante, et qui, dans la mesure où les tests sont devenus payants, équivaut d'ailleurs déjà à une obligation vaccinale –, au lieu d'improviser des mesures comme celles concernant l'école, annoncées le 30 décembre au soir dans un journal puis modifiées ensuite trois fois en quelques jours –, il aurait été plus utile de réfléchir ensemble, en écoutant les oppositions – ce qui vous changerait –, à ce qu'il conviendrait de faire.

On aurait par exemple pu réfléchir à l'organisation de la société en rotation, qui aurait été si nécessaire dans les écoles au moment de la rentrée du 3 janvier, à l'instauration de demi-jauges, associée à l'embauche de 300 000 emplois jeunes – comme La France insoumise le propose depuis maintenant deux ans –, lesquels auraient été si utiles dans les domaines de la santé et de l'éducation. On aurait pu réellement travailler sur la souveraineté sanitaire, au lieu de découvrir tout d'un coup, fin 2021, que la production des masques FFP2 avait baissé de 90 % au cours de l'année, nous contraignant à en importer toujours plus.

Nous aurions pu réfléchir à des règles plus intelligentes que l'obligation de porter un masque en plein air, dont chacun savait qu'elle n'avait aucune utilité, à part faire croire que l'on agissait. Cette décision a heureusement été déclarée illégale par les tribunaux. Nous aurions pu, ensemble, nous assurer qu'il y avait suffisamment de réactifs pour les tests PCR, pour éviter les files d'attente devant les pharmacies que nos concitoyens ont dû subir pendant les fêtes de fin d'année. Nous aurions pu écouter les soignants et décider un moratoire sur la fermeture de lits d'hôpital. Eux ne considèrent pas les non-vaccinés comme responsables de leurs maux – prétendre le contraire montre que vous ne les côtoyez pas ; ils pointent plutôt la politique que vous appliquez à l'hôpital public depuis deux ans ,

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