Je ne vais pas répéter ce qui a été dit. Je me contenterai de remarquer à quel point vous tenez à cette mesure, sans laquelle votre dispositif général ne peut évidemment pas fonctionner ; vous vous livrez donc à une fuite en avant totalement irresponsable, anticonstitutionnelle et inapplicable. Il est tout de même étrange qu'à la lumière des travaux du Sénat, de toutes les oppositions et de toutes les remarques de bon sens qui vous ont été adressées, vous n'acceptiez pas de revenir sur une disposition aussi ahurissante.
Par ailleurs, votre attitude montre à quel point ce projet de loi joue pour vous un rôle de totem, qui vous permet de transformer les non- vaccinés en boucs émissaires. Mais en vérité, tous ces contrôles d'identité ne concerneront pas seulement les non-vaccinés ! Les vaccinés aussi les subiront, puisque la durée d'efficacité de chaque dose est limitée – au bout de sept mois, il en faut une autre. C'est pourquoi de nombreux Français vaccinés ne supportent pas, eux non plus, l'idée de se faire contrôler à tous les coins de rue, dans le cadre de toutes les activités qu'ils voudront pratiquer.
Vous mettez le doigt dans un engrenage alors que d'autres pays européens, notamment l'Espagne, font l'inverse – la ministre de la santé espagnole vient de déclarer que la vague omicron devait désormais être classée dans la catégorie des grippes. Cela signifie que la France va s'enfoncer dans des contrôles bureaucratiques tatillons absolument insupportables au moment même où d'autres pays européens ont compris ce qui se passait.