Celle-ci passe malheureusement le plus clair de son temps à nous demander d'ouvrir à la concurrence tout ce qui bouge, par exemple nos 400 sites hydroélectriques qui sont pourtant la première source d'énergie renouvelable du pays.
Je le répète avec force : nous priver de la gestion et de l'exploitation d'ouvrages d'une telle importance reviendrait à foncer dans le mur. Je vous remercie, monsieur le rapporteur, d'avoir expliqué qu'il était possible de ne pas ouvrir les barrages à la concurrence.
En effet, privatiser les barrages et ouvrir à la concurrence, ce serait se soumettre à un dogme selon lequel les intérêts des grands actionnaires l'emportent sur l'intérêt général.
Privatiser les barrages, ce serait se priver des moyens de mettre en œuvre la bifurcation écologique qui nécessite une planification sur le temps long.
Privatiser les barrages, ce serait voir disparaître des compétences techniques et scientifiques, une expertise publique issue de décennies d'expérience.
Privatiser les barrages, ce serait menacer la sécurité et l'intégrité des ouvrages, dont 25 % ont été construits il y a plus de soixante-dix ans. EDF investit 400 millions d'euros par an dans leur entretien ; je ne crois pas que le privé pourrait en faire autant.
Privatiser les barrages, ce serait aussi vendre des infrastructures amorties depuis longtemps par les usagers et qui dégagent un excédent brut de 2,5 milliards d'euros – on a déjà observé ce phénomène lors de la privatisation des autoroutes ou de l'ouverture du rail à la concurrence.
Les barrages doivent rester publics parce qu'ils constituent des maillons clés de la bifurcation écologique. Je vous remercie donc une nouvelle fois pour cette proposition de loi qui vise à conserver une gestion majoritairement publique des ouvrages hydroélectriques de la vallée du Rhône. Ce texte est d'autant plus important qu'il s'agit du fleuve le plus nucléarisé de France et qu'il connaîtra dans le futur, d'après les scientifiques, une baisse de 10 à 40 % de son débit. Les conflits d'usage de l'eau qui en résulteront devront donc impérativement être arbitrés par la décision collective.
Je vous l'avais déjà dit, monsieur Mignola : nous aurions pu aller plus loin. Nous aimerions par exemple bâtir un pôle public de l'énergie. Cependant, les dispositions que vous proposez permettent d'éviter l'ouverture à la concurrence des dix-neuf ouvrages de la vallée du Rhône jusqu'en 2041, repoussant ainsi la menace d'une privatisation. En cela, elles font écho au programme que nous défendons. En effet, nous continuons d'affirmer que les barrages doivent être gérés par les acteurs historiques, qu'ils sont un bien commun et que nous devons impérativement les préserver.