Intervention de Stéphane Viry

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 15h00
Augmentation du salaire minimum — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry :

La crise sanitaire a révélé que les emplois les plus essentiels ne sont pas toujours les mieux rémunérés. Parfois ce sont même les plus mal rémunérés. Cette situation est la source d'un profond sentiment d'injustice, de l'impression que l'effort ne paie pas et que la précarité est inévitable, et elle provoque une grande lassitude et une colère légitime chez une partie de nos concitoyens. Force est de constater qu'une des promesses de notre pacte républicain, fondé sur le mérite, n'est pas tenue.

Dans un contexte d'inflation, notamment de flambée des prix de l'énergie, la proposition de loi que nous examinons ouvre un débat nécessaire sur l'économie des bas salaires, car ce sont eux, ces femmes et ces hommes en première ligne, caissiers, professionnels du ménage ou de l'aide à domicile qui souffrent le plus de la perte de pouvoir d'achat. Contraints de comprimer des dépenses déjà bien incompressibles, leur vie devient une survie. La question du pouvoir d'achat est donc centrale et prioritaire.

Avec depuis dix ans une absence de revalorisation du SMIC, hors inflation, l'ascenseur social n'est pas seulement à l'arrêt, il est en chute libre. Pour rétablir la cohésion nationale et offrir des perspectives de progrès à celles et ceux qui souffrent d'une véritable paralysie salariale, il est urgent d'avancer des mesures concrètes et de faire cesser cette exclusion par la pauvreté.

Premièrement, la croissance ne peut se faire sans une exigence d'équité et de justice. Il faut que le travail paie mieux et il faut inciter au travail. C'est pourquoi, la défiscalisation et la désocialisation pour le salarié des heures supplémentaires sont défendues par Les Républicains depuis le début de ce quinquennat. Nous proposons en outre désormais d'augmenter de 10 % les salaires nets jusqu'à 2,2 SMIC. Cette solution concrète permettra d'accroître de 1 500 à 3 000 euros par an le pouvoir d'achat de 12 millions de nos concitoyens.

Deuxièmement, nous proposons un plus juste partage de la valeur ajoutée. La répartition des profits ne doit plus être source de divisions et de ressentiment. La création de richesses sert notre intérêt collectif. Aussi, pour que les Français se réapproprient leur économie, chacun doit avoir intérêt aux bénéfices de son entreprise. Pour le prochain quinquennat, nous demanderons aux entreprises de s'organiser pour que 10 % de leur capital soit détenu par leurs salariés.

L'idée d'une conférence nationale sur la question de la rémunération du travail est juste, et nous y souscrivons. En effet, la crise a montré que l'entreprise ne se limite pas à des facteurs de production. Ce sont avant tout des hommes, des femmes, des travailleurs qui constituent sa force par leur savoir-faire, par leur capacité d'innovation, par leur abnégation. Dès lors, l'organisation d'une conférence nationale sur les bas salaires est essentielle pour remettre la confiance au cœur de la négociation des revenus. La force du dialogue social et la légitimité des partenaires sociaux sont les meilleurs leviers pour avancer avec réalisme, ambition et efficacité sur la question du pouvoir d'achat. Ces moments de négociation seront aussi l'occasion de renforcer les outils de participation en l'étendant notamment à toutes les entreprises de plus de onze salariés, comme le proposent Les Républicains.

Cependant, augmenter le SMIC ne suffit pas si nous ne sommes pas prêts à retirer du pied de nos entreprises le boulet de la sous-compétitivité. Une croissance brusque et forte du SMIC risquerait de dégrader leur activité en les accablant d'un coût du travail exorbitant. Une telle revalorisation ne favorisera pas l'embauche, au contraire, elle désincitera les entreprises à embaucher, et les premiers à en payer le prix seront les 3 millions de Français contraints au temps partiel.

Monsieur le rapporteur, pointer l'insuffisance du salaire, c'est se tromper de débat, car avant de distribuer des richesses encore faut-il les créer. La faiblesse des revenus n'est que le symptôme d'une économie déséquilibrée. C'est avant tout par une politique industrielle volontariste, par un choc de simplification administrative et par une baisse des charges sociales que nous pourrons redonner des perspectives optimistes à nos concitoyens. Avec mon groupe Les Républicains, nous appelons de nos vœux un nouveau pacte social fondé sur la valeur travail, nous voulons donner les moyens d'augmenter les salaires aux entreprises plutôt que de les contraindre. La contrainte ne servirait, en effet, qu'à accroître la défiance cultivée par le Président de la République par sa vision déshumanisée de l'économie et par son indifférence affichée pour les travailleurs les plus fragiles. Le mythe de l'économie des premiers de cordée n'a que trop duré. Nous devons à présent bâtir une économie compétitive au service de tous, une économie à taille humaine. C'est le projet que nous défendons, et la proposition de loi soumise cet après-midi à notre examen n'y satisfait pas. Aussi, nous ne la voterons pas.

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