Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 15h00
Augmentation du salaire minimum — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

Je veux par ailleurs rappeler que du fait de sa double indexation sur l'inflation et sur l'évolution des salaires des ménages modestes, le SMIC a été revalorisé de 3,1 % en un an : c'est la plus forte hausse depuis 2012.

Si l'on fait l'addition de toutes ces mesures depuis 2017, un salarié à temps plein au SMIC aura vu sa rémunération augmenter dans une proportion similaire à celle que vous prévoyez d'appliquer à l'article 1er . Nous avons donc atteint votre objectif, sans pour autant détruire la compétitivité de nos entreprises. Car c'est bien là le cœur de notre opposition à cette proposition de loi. L'augmentation inédite de 15 % du niveau du SMIC aurait des conséquences tout aussi spectaculaires sur la santé économique de nos très petites entreprises – TPE – et petites et moyennes entreprises – PME –, le coup de pouce se transformant en coup de poignard pour les entreprises fragilisées qui se relèvent à peine de la crise sanitaire. Pour cette même raison, en novembre dernier, le groupe d'experts sur le SMIC préconisait de ne pas augmenter le salaire minimum au-delà des revalorisations automatiques.

J'ajoute que le premier facteur de pauvreté des travailleurs est le nombre d'heures travaillées, bien avant le niveau de salaire. Il est donc nécessaire de limiter les temps partiels courts. C'est le sens du système de bonus-malus introduit par la réforme de l'assurance chômage : sanctionner les entreprises recourant de manière excessive aux contrats courts et valoriser les employeurs vertueux. Pour améliorer encore la productivité qui est en vérité le fond du problème, il faut encore agir mieux sur la qualification des salariés, la formation professionnelle – et beaucoup a déjà été fait au cours de ce mandat – et l'accès au compte personnel de formation pour les salariés peu qualifiés et travaillant dans des petites entreprises qui ne connaissent pas encore assez leur droit à la formation.

Concernant l'article 2 qui propose l'ouverture d'une conférence nationale sur les salaires, nous partageons le constat du rapporteur : il n'est pas acceptable que certaines branches aient des grilles salariales inférieures au SMIC, car si le salaire minimum est un socle indispensable, c'est d'abord à la négociation collective qu'il revient de dynamiser le niveau des salaires. Mais, là encore, le travail est déjà engagé avec les branches moins-disantes. Elles ont été reçues le mois dernier par la ministre du travail pour les inciter à négocier sans délai une amélioration des grilles. Vous l'avez dit, madame la ministre, plusieurs d'entre elles ont d'ores et déjà trouvé un accord. Je pense notamment au secteur de l'hôtellerie-cafés-restauration particulièrement concerné par les tensions de recrutement actuelles.

La méthode est là ; elle fonctionne, et elle doit se poursuivre. Vous l'aurez compris, pour toutes ces raisons le groupe Agir ensemble votera contre ce texte.

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