Intervention de Delphine Bagarry

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 15h00
Augmentation du salaire minimum — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Bagarry :

L'importance de la rémunération devient d'autant plus grande qu'elle recouvre le sentiment de tant d'injustices, que les efforts consentis pour sortir collectivement de la crise ne sont pas reconnus, qu'en dépit de la reprise économique le revenu disponible à la fin du mois diminue – car les loyers augmentent, les prix de l'immobilier augmentent, le beurre, l'essence, l'électricité, tous les biens nécessaires à la vie augmentent, et cette inflation risque de durer. En outre, ce qui frappe n'est pas à proprement parler le défaut de revalorisation, mais sa disparité : depuis 2008, le salaire des 10 % de Français les plus riches a augmenté trois fois plus vite que celui des 10 % les plus pauvres. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, la reprise qui a succédé aux confinements ne se traduit pas toujours par un partage plus équitable de la valeur ajoutée – bien au contraire. Ainsi, alors que les femmes représentent 70 % des travailleurs pauvres, alors qu'elles occupent 83 % des emplois à temps partiel et 62 % des emplois non qualifiés, l'écart salarial entre elles et les hommes s'élevait en 2021 à 16,5 %, contre 15,5 % en 2020.

Cette réelle iniquité suscite chez bon nombre de Français un douloureux et légitime sentiment d'injustice, en particulier chez ceux qui exercent les métiers les plus précaires et se sentent constamment sur le fil du rasoir. Les efforts accomplis en vue d'y remédier en accroissant le revenu disponible l'ont été essentiellement par les pouvoirs publics, sous la forme soit de dépenses supplémentaires, soit de diminutions de prélèvements obligatoires qui ont notamment fragilisé notre système de sécurité sociale.

Il est temps de mieux répartir les responsabilités entre les acteurs économiques, afin que les travailleurs disposent de rémunérations justes, à la hauteur de leur valeur productive dans les entreprises mais aussi de leur rôle essentiel au sein de ces entreprises et de la société. Oui, l'augmentation du SMIC est une solution incontournable à laquelle nos voisins, même les plus libéraux, recourent : c'est le cas en Angleterre, au Portugal et en Allemagne, où la hausse s'élève tout de même à 25 % en trois ans, ainsi qu'en Espagne, où elle atteint 31,8 % depuis 2018. Oui, une grande conférence nationale sur les salaires pour l'ensemble des travailleurs est une nécessité, mais il faut en définir le cadre : la juste rémunération au cœur des entreprises. Il s'agit précisément de l'ambition de l'amendement de mon collègue Matthieu Orphelin, qui vise à s'assurer que l'écart entre les salaires, au sein d'une même entreprise, ne puisse dépasser un facteur 20.

Mes chers collègues, la période est difficile et le climat social est tendu, à la suite de chocs successifs. Le Parlement et les pouvoirs publics ne peuvent rester des témoins passifs : offrons un printemps social aux Françaises et aux Français.

Puisqu'il me reste quelques instants, je profite de l'occasion qui m'est donnée pour remercier le groupe Socialistes et apparentés de nous avoir invités à débattre aujourd'hui de sujets variés, importants, au plus près des préoccupations des Français.

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