« Les invisibles, ce sont ceux et celles qui portent l'essentiel ». Ces mots ne sont pas de moi ; ce sont ceux d'une AED particulièrement en colère. J'espère au moins que nous entendrons dire, madame la secrétaire d'État, votre compréhension de cette colère. Incarnée par ces invisibles, elle devrait nous alerter en permanence et déterminer notre ligne de conduite pour les politiques publiques que vous avez à mener, mais aussi pour notre travail de législateur.
Celles et ceux que nous avons applaudis, ceux qu'on appelle les invisibles, nous les rencontrons tous les jours dans nos vies : à l'école, dans les EHPAD, à l'hôpital. Ces personnes sont invisibilisées par les politiques publiques et dévalorisées par les statuts qui les laissent dans la précarité et dans la pauvreté. On les a applaudies et elles le disent – parce que ce sont surtout des femmes : « On nous a vite oubliées, nous sommes toujours autant précarisés. Nous vivons, bien souvent, sous le seuil de pauvreté ».
Je veux remercier ma collègue Michèle Victory de nous permettre une nouvelle fois de parler de celles et ceux qui sont les invisibles de l'éducation nationale : AESH et AED. Ils ne veulent plus de vaines promesses, ils veulent des actes. Cela fait bientôt cinq ans que nous martelons ici la nécessité d'améliorer les conditions de travail de ces personnels de l'éducation, parce que nous le leur devons, parce que c'est juste et parce que c'est nécessaire pour l'accompagnement des enfants.
À chaque tentative, malgré un consensus assez rare dans l'ensemble de l'opposition, on nous a opposé une fin de non-recevoir. Plus qu'une déception, l'examen du texte en commission a suscité chez nous de la colère, d'autant que les arguments de la majorité étaient singulièrement scandaleux. J'en cite un : parce que nous proposons l'amélioration des statuts et une avancée sociale, nous serions dans la posture politicienne. Quand nous tentons de prolonger au Parlement des luttes contre la pauvreté et la précarité, les collègues de la majorité nous accusent d'être des politicards. J'ai plutôt vu là une tentative burlesque visant à rendre acceptable le refus de la majorité, mais je vous le dis, chers collègues : il ne l'est pas.
Cette proposition de loi ne devrait pas être un énième rendez-vous manqué pour l'amélioration des conditions de travail de celles qu'on appelle souvent les petites mains de l'éducation nationale. Les contractuels se multiplient, mais leur statut s'aggrave. À la différence des fonctionnaires, qui ont aussi des revendications légitimes, les contractuels n'ont pas de grade, ne peuvent pas gravir les échelons qui déterminent leur rémunération, ni voir celle-ci évoluer au cours d'une carrière publique.