Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 21h30
Lutte contre la précarité des accompagnants d'élèves handicapés — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Madame la secrétaire d'État, depuis dix jours, les AESH, ces accompagnants d'élèves en situation de handicap, sont en grève illimitée dans le Val-de-Marne. « J'accompagne les enfants handicapés tous les jours et je suis payé 730 euros par mois » ; « On nous remercie dans les discours mais on nous méprise dans les actes » ; « Cette grève, c'est pour nous, pour arrêter de vivre dans la misère, mais c'est surtout pour les enfants et pour leur avenir » ; « On a tous un deuxième voire un troisième emploi pour pouvoir survivre » ; « Mon enfant a été notifié par la maison départementale pour les personnes handicapées comme ayant besoin d'un accompagnement à 100 %. Comme il n'y a pas assez d'accompagnants, elle aura seulement une heure et demie d'accompagnement par semaine. Je vais être obligée de la déscolariser » ; « J'apprends qu'en deux ans, je suis la septième AESH de ce petit garçon souffrant de troubles autistiques ».

Les AESH, madame la secrétaire d'État, racontent toutes la même chose : la perte de sens, les démissions alors qu'elles adorent leur métier, des enfants déscolarisés par manque de personnel accompagnant, des enfants mal accompagnés par manque de moyens humains, la souffrance de ne pas pouvoir exercer dignement leur métier.

En plus de cette situation indigne d'un pays aussi riche que le nôtre, vous inventez les pôles inclusifs d'accompagnement localisé, les PIAL. Ces pôles mutualisent, comme vous aimez dire, les accompagnants en les faisant intervenir dans plusieurs établissements – jusqu'à quinze. L'une d'entre elles me disait : « Je m'occupe déjà de douze enfants et on voudrait me forcer à les délaisser pour courir d'un établissement à un autre ». Non seulement vous les bougez comme des choses, mais vous les obligez à travailler une heure supplémentaire pour 0 euro. Il fallait l'inventer, madame la secrétaire d'État.

Les AESH ne plieront pas. Elles demandent un salaire digne, un statut de fonctionnaire, des formations et des recrutements. Elles ne céderont pas, parce qu'elles aiment leur métier et les enfants dont elles s'occupent.

J'ai un message pour M. Blanquer : une AESH qui manifestait aujourd'hui dans la rue disait qu'elle était prête à lui donner les 700 euros qu'elle gagne pour qu'il les dépense en cocktails à Ibiza, tant ce salaire est le prix du mépris !

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