Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du jeudi 20 janvier 2022 à 21h30
Lutte contre la précarité des accompagnants d'élèves handicapés — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory, rapporteure de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Vous l'aurez compris, il vise à rétablir les modalités de recrutement et d'emploi des AESH prévues par la proposition de loi au stade de son dépôt, afin que ces agents soient recrutés par CDI dès leur entrée dans le métier. Au-delà des postures qu'il nous arrive quelquefois d'avoir, il me semble que nous devrions nous poser une question simple, qui revient plusieurs fois dans les courriers que des AESH m'ont adressés : de quoi aurions-nous peur en donnant à ces personnes la sécurité minimale que nous réclamons toutes et tous de manière générale ? En quoi pourrait-elle porter tort, et à qui ?

Tous les CDI comportent une période d'essai. Aucun salarié ou employeur ne se trouve enfermé à jamais en signant un CDI. Mais je reprends ce qu'a dit Elsa Faucillon en commission : vous imposez aux AESH une période d'essai de trois à six ans, et ce n'est pas correct ! Comment se projeter dans l'avenir dans de telles conditions ?

Rappelons quelques chiffres : les AESH sont au nombre de 119 000, mais cela correspond à 72 580 équivalents temps plein (ETP). Actuellement, 80 % des AESH sont en CDD et 100 000 sont au premier ou au deuxième échelon. Les revalorisations et les augmentations dont vous avez parlé, à ces deux premiers échelons, correspondent à moins de 30 euros supplémentaires par mois, pour un revenu net de 1 260 euros. Comme vous le savez, l'immense majorité des AESH ne travaillent pas à temps complet et, par conséquent, ne touchent pas 1 260 euros. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas.

Le ministre de l'éducation nationale a souvent dit qu'il s'agissait de temps partiel choisi, mais c'est une fable ! On parle de temps partiel subi. Si ce temps partiel était choisi, nous ne constaterions ni ce turnover très important, ni une désaffection pour ce métier. Je ne crois pas que l'on choisisse d'exercer ce métier 24 heures par semaine, dans ces conditions, juste pour avoir du temps libre et garder le mercredi pour s'occuper de ses enfants. Il faut voir cette réalité en face.

Comme l'a dit Mme Anthoine, tous ces chiffres nous obligent.

Par ailleurs, je souhaite apporter une rectification sur la fin des contrats aidés, que vous revendiquez. Dès 2014, M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale, avait ouvert la voie à des contrats en CDI. Vous l'avez ensuite généralisée. Nous avons tous apporté notre pierre à l'édifice.

Ensuite, les augmentations dont parle la majorité sont toutes relatives. On ne parle pas seulement d'argent. Vous avez dit à plusieurs reprises que le nombre des AESH s'est accru, ce qui est heureux : nous vous reconnaissons volontiers que vous avez augmenté de 26 500 ETP leur nombre depuis 2017. Il était nécessaire de le faire.

Reste que l'attractivité du métier ne s'améliore pas, car les salaires ne sont pas du tout satisfaisants et les conditions de travail sont trop difficiles. Au vu de l'augmentation vertigineuse du nombre d'enfants accompagnés, il va falloir changer de braquet. Aussi, afin de rétablir une certaine justice, nous avons réintroduit, avec cet amendement, les propositions que nous avions faites initialement.

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