Intervention de Sylvie Tolmont

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 9h00
Questions orales sans débat — Situation des sages-femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSylvie Tolmont :

Je souhaite faire entendre la voix d'une profession dont la détresse est profonde, dont l'action quotidienne reste méconnue et souvent invisibilisée, dont le statut n'évolue qu'à la marge, crise après crise, et dont les missions et les compétences échappent à une vision globale et cohérente en matière de santé : je veux parler du métier de sage-femme.

Pour appuyer mon propos, j'ai à cœur de partager avec vous le message que m'a adressé un représentant des sages-femmes du centre hospitalier du Mans : « À l'heure actuelle, nous n'avons pas l'effectif de fonctionnement normal, et nous devons chaque semaine pourvoir des gardes supplémentaires ou travailler en sous-effectif. Cette situation use les professionnels qui restent. Les recrutements ne se font plus ni dans les hôpitaux ni dans les cliniques, et nous ne voyons aucune perspective positive dans les mois à venir. Vous comprendrez aisément que l'état d'esprit est actuellement morose, avec un sentiment d'abandon, voire de mépris. Le déclic que nous attendions n'a pas eu lieu, et nous assistons, impuissants à l'effondrement de notre spécialité. »

En novembre, après une lettre ouverte d'Anne-Marie Curat, présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, et après une mobilisation considérable de ces dernières, le Gouvernement a annoncé une revalorisation de 500 euros net par mois, qui inclut en réalité les 183 euros déjà octroyés au moment du Ségur de la santé, ainsi que 240 euros de primes qui n'entrent pas dans le calcul de la retraite. La mesure, si elle va dans le bon sens, ne suffira pas pour restaurer l'attractivité du métier ; elle exclut en outre une partie des personnels – je pense notamment aux sages-femmes territoriales.

Alors que la situation de l'hôpital est déjà précaire, cette revalorisation n'interrompt pas la dégradation des conditions de travail ni la diminution des effectifs des sages-femmes dans les services. Les négociations conduites en 2021 avec le ministère des solidarités et de la santé n'ont pas permis de retrouver un cadre de travail serein. Ces problèmes nourrissent le profond mal-être des sages-femmes, de plus en plus nombreuses à quitter les services hospitaliers pour s'établir en libéral – voire à quitter purement et simplement ce métier du lien, que l'on exerce par vocation. En Sarthe, les établissements font face à un phénomène accru d'épuisement professionnel, y compris chez de jeunes soignants, dont la vocation se transforme peu à peu en désillusion.

Madame la ministre déléguée, vous ne pouvez pas brandir les résultats du Ségur de la santé en toutes circonstances pour balayer d'un revers de main les nombreuses revendications que vous n'avez pas entendues. Comptez-vous renforcer les effectifs des sages-femmes – en particulier dans la Sarthe –, améliorer leurs conditions d'exercice à l'hôpital, et remédier à la situation catastrophique de l'offre de soins en obstétrique et en gynécologie, notamment dans mon département ?

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