Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du mardi 1er février 2022 à 21h45
Stratégie de l'union européenne pour la décarbonation de l'électricité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Pour éviter une explosion de la facture d'électricité des Français en pleine campagne présidentielle, le Gouvernement a, dans la hâte, décidé de mettre en place des mesures d'accompagnement : extension du chèque énergie, bouclier anti-inflation, plafonnement de la hausse de l'électricité à 4 % aux dépens d'EDF, qui doit céder à ses concurrents, tels Engie ou Total, une part croissante de sa production à des prix cinq fois inférieurs au marché.

L'exécutif a par ailleurs promis d'engager un bras de fer au niveau européen pour faire évoluer le mécanisme des prix de l'énergie, initiative qui ne rencontre cependant pas d'écho favorable chez la plupart de nos voisins, et l'expression récente de nos désaccords en dit long sur les perspectives de mise en œuvre d'une stratégie commune de décarbonation de l'électricité à l'échelle européenne.

L'Union européenne a certes prévu de réduire dès 2030 sa consommation de gaz fossile, mais les pays tels l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne ou l'Italie misent beaucoup sur le gaz – beaucoup trop, de mon point de vue –, soit pour décarboner un peu leur parc de centrales à charbon, soit pour tenter d'équilibrer leur production quand les capacités des renouvelables non pilotables sont à l'arrêt. Joueront-ils le jeu ? J'ai beaucoup de mal à croire que les investisseurs dans les centrales à gaz aient prévu de les mettre à l'arrêt dans huit ans !

Mais la question se pose aussi à la France. Devrons-nous tourner le dos à notre mix électrique décarboné pour défendre l'utilisation accrue du gaz afin de compenser – je dis bien compenser – l'intermittence des renouvelables non pilotables, au seul profit de géants pétroliers et gaziers ?

Devrons-nous continuer dans la voie ruineuse de la libéralisation, dont on continue de nous chanter la louange, trente ans après Maastricht, malgré l'évidence du fiasco ?

Nous le disons avec force, nous n'acceptons pas que l'entreprise EDF, fleuron de notre industrie, soit l'otage des marchés financiers et la variable d'ajustement d'un système concurrentiel qui marche sur la tête !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.