Comment vais-je expliquer à mes électeurs, dont beaucoup nous suivent actuellement, que la nécessité de mettre à l'urne les votes par correspondance n'a pas de lien, même indirect, avec le vote par correspondance ? Ces citoyens, que ce soit à Varsovie, à Sofia ou à São Paulo, sont venus le samedi pour assurer la mise à l'urne des votes par correspondance ! Et je devrais leur dire que cet effort, cette formation nouvelle, ces explications, ces émargements, ces procès-verbaux n'ont aucun rapport avec le vote par correspondance ?
C'est une frustration personnelle, vous l'avez compris, mais qui revêt une portée générale : elle est symbolique des blocages dont nous parlons. Pourquoi en restons-nous aux images, aux a priori ? Au cours du débat précédent, on nous a ressorti des arguments que l'on entendait il y a dix, vingt, trente ans. Nous sommes au XXI
Si quelqu'un, dans cette maison, juge – et sans appel – que l'organisation d'un bureau de vote n'a pas de lien, même indirect, avec le vote par correspondance, cela prouve qu'il ne sait pas ce qui se passe vraiment, qu'il n'a pas suivi nos débats. J'ai même entendu en commission confondre la mise à l'urne et le dépouillement !
Mes chers collègues, vivons-nous dans un village gaulois pour que l'on continue à caricaturer, à amalgamer toutes les innovations, un village où toutes les raisons sont bonnes pour ne rien changer, pour ne pas même essayer de changer, pour ne pas regarder autour de nous, pour ne pas prendre le temps d'analyser en profondeur, en détail ? Nous vivons une urgence démocratique ; soyons au moins exigeants et précis dans nos débats.
Alors que le vote électronique et le vote par procuration semblent plutôt se substituer au vote à l'urne – ce sont les mêmes qui votent –, le vote par correspondance, partout où il a été analysé, renforce la participation. Cela me semble lié à ce biais de solennité dont je parlais tout à l'heure.
Les enjeux sont énormes. Arrêtons de nous cacher derrière notre petit doigt, et nos arguments qui n'en sont plus. Je vous invite, avec mes collègues du groupe MODEM, à soutenir ce texte et les amendements que nous proposerons.