Je rappelle que le vote par correspondance a été supprimé en 1975, précisément à cause des fraudes. Bien sûr, vous nous parlez des améliorations techniques, et il est vrai que l'organisation de l'époque peut aujourd'hui paraître particulièrement cocasse. Pourtant, malgré les améliorations techniques, le risque de fraude reste énorme – j'en ai fait l'expérience dans certain parti politique que je ne citerai pas – dans la mesure où, lorsque le vote est électronique, il ne peut y avoir de vérification matérielle. Instaurer le vote électronique achèverait de tuer la confiance de nos concitoyens dans les institutions, puisque chacun sait qu'il peut être trafiqué. L'exemple des États-Unis devrait nous inciter à ne pas reproduire le désastre que fut leur dernière élection, quel que soit le jugement que l'on peut porter sur les deux candidats.
Avec cette proposition de loi, vous prenez un risque considérable. Heureusement, le Gouvernement n'en veut pas : c'est salutaire. En effet, elle revient à supprimer l'essence même du vote, qui est son caractère personnel. Car, oui, l'isoloir est une conquête républicaine, c'est une liturgie républicaine, c'est le moment où chacun est seul face à lui-même et vote pour le destin de la nation. Le vote par correspondance, le vote électronique, c'est le vote communautariste :…