…à la question des prisonniers politiques ou encore à celle du statut de résident, qui constituerait une réponse adéquate au problème de la spéculation immobilière. En l'absence, je le répète, de la réforme constitutionnelle promise par le Président de la République et censée aboutir à la reconnaissance de la spécificité de la Corse, ce texte s'attache à trouver à droit constant des solutions à cette situation alarmante, à nous offrir des outils de lutte contre la spéculation.
Je me permets de rappeler quelques-uns des chiffres vertigineux que son exposé des motifs cite : entre 2006 et 2019, le coût du foncier a augmenté en Corse de 138 % contre 64 % sur le continent ; celui du logement, de 68 % contre 36 %. Encore une fois, cette frénésie a des conséquences désastreuses sur l'accès au logement. Certains nous objectent que c'est également le cas sur la Côte d'Azur ou en région parisienne ; reste que la Corse, elle, est une région pauvre – un Corse sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et le revenu annuel médian est inférieur de 17 % à celui de la France métropolitaine. En outre, dans notre île-montagne, aux contraintes géographiques importantes, il est difficile de se soustraire à l'inflation en se logeant loin de son lieu de travail ; c'est tout particulièrement vrai pour la jeunesse, qui devra finir par renoncer à s'installer chez elle à cause de cette constante flambée des prix.
La cherté de la vie est aussi celle des carburants, au sujet de laquelle nous ne cessons d'alerter le Gouvernement depuis le début de son mandat – pour nous heurter, là encore, à son immobilisme. Même si nous avons mis fin en 2019 au crédit d'impôt sur les meublés de tourisme dont jouissaient certains spéculateurs, la situation n'en est pas moins hors de contrôle. Tous ceux qui connaissent et aiment la Corse – c'est le cas de beaucoup d'entre vous – auront observé l'étalement urbain qui laisse craindre que la bétonisation ne défigure irrémédiablement l'île de beauté. À cette inquiétude, ceux qui vivent en Corse ajoutent l'angoisse de ne pouvoir se loger ou exercer une activité économique ou agricole. En un mot, nous assistons à la dépossession immobilière et foncière de la population corse. Il est temps de l'affirmer collectivement : les Corses ont le droit de se loger d'une manière décente sur leur terre, et c'est bien là l'enjeu du texte.