Intervention de Bruno le Maire

Réunion du mercredi 19 juillet 2017 à 19h05
Commission des affaires économiques

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

Je confirme à M. Antoine Herth que nous sommes à Bercy pour transformer l'outil économique français et pour permettre à notre pays d'exploiter pleinement son potentiel de croissance et les révolutions technologiques en cours. Nous transformons le marché du travail, ce qui est structurel et non conjoncturel.

Nous allons développer le capital humain, qui est la clef absolue. Il y aura une transformation en profondeur du système de formation professionnelle, car il n'est pas aujourd'hui adapté aux demandes. Il y a une exigence éducative extrêmement importante : le patron d'Axa nous dit qu'il n'a plus besoin des jeunes formés pour être actuaires, mais de codeurs. Alors qu'ils sortent tout juste de leur formation, il va falloir leur en donner une autre, et c'est vrai dans beaucoup de métiers.

J'en viens au soutien à l'activité économique, ce qui me permet de répondre à la remarque de Monsieur Daniel Fasquelle. Il s'agit de libérer totalement le potentiel de création de richesse des entreprises, d'améliorer leur profitabilité, de baisser l'impôt sur les sociétés et d'améliorer l'attractivité financière du pays, avec une fiscalité telle que le prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus du capital, afin d'attirer davantage d'investisseurs. Notre stratégie économique consiste à libérer les capacités de croissance en France.

S'agissant de l'État stratège ou arbitre, je considère que les grandes entreprises publiques ne peuvent pas être des Républiques autonomes. Elles y ont parfois un peu tendance : on ne rend pas de comptes, au motif que les responsables publics n'auraient pas à y mettre leur nez. Or ces entreprises fonctionnent avec l'argent du contribuable, et elles ont donc des comptes à rendre aux Français. Le ministre de l'économie et des finances a pour responsabilité de s'assurer que la gestion est optimale. On pense souvent que c'est trop compliqué et que les patrons de la SNCF, d'EDF, de la RATP ou d'Areva sont seuls souverains et maîtres à bord, mais ce n'est pas ma conception du rôle de l'État à l'égard des entreprises publiques. Nous devons nous assurer que leur gestion est la meilleure possible, la plus efficace, la plus économe des deniers publics et la plus rentable. Comme vous êtes des représentants du peuple français, je vous propose de participer à cette mission de contrôle de nos entreprises publiques.

Le fonds pour l'innovation sera abondé par des cessions d'actifs à partir de la rentrée. Il montera progressivement en puissance, car nous n'allons pas récolter immédiatement dix milliards d'euros : les cessions doivent se faire dans des conditions de marché optimales. Il ne s'agit pas de brader les participations de l'État.

Ce fonds doit s'inscrire dans la durée. Plutôt qu'un fusil à un coup, il faut disposer d'un outil de long terme pour le financement de l'innovation de rupture. Nous travaillons actuellement sur sa mise en oeuvre : la structure juridique et les modalités de placement des sommes investies sont en cours de discussion.

Il y a aussi à rendre un arbitrage dont nous discutons avec le Président de la République, le Premier ministre et les spécialistes, en nous inspirant notamment des modèles étrangers. Une première option est celle des concours financiers, sur le modèle de ce qui existe aux États-Unis avec la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) : le fonds pourrait apporter un concours direct à une innovation de rupture identifiée par une grande entreprise ou une PME qui aurait besoin, à un moment donné, de 2 à 15 millions d'euros. La DARPA a ainsi prévu un prix pour le meilleur véhicule autonome capable de parcourir 100 kilomètres dans le désert. Une autre possibilité serait d'investir sous forme de subventions dans les projets les plus risqués et à long terme des entreprises industrielles, sur des sujets tels que l'intelligence artificielle, la réalité augmentée, la fabrication additive ou les nouveaux matériaux. Voilà les deux modalités, d'ailleurs potentiellement complémentaires, qui sont envisagées pour ce fonds.

Je veux dire aussi à Monsieur Daniel Fasquelle que si je n'ai jamais employé le mot de chômage pendant mon intervention, c'est que j'ai beaucoup utilisé celui d'emploi. Je préfère me projeter vers le futur et la création d'emplois que vers le passé et le chômage de masse.

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