Je tiens à remercier le groupe Libertés et territoires d'avoir inscrit cette proposition de résolution à l'ordre du jour de sa niche parlementaire pour nous permettre de débattre et d'avancer, je l'espère, sur ce sujet éminemment politique. Il s'agit de protéger Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, qui a révélé l'espionnage de l'Élysée par nos alliés américains, mais aussi tous les lanceurs d'alerte poursuivis à ce titre. Il s'agit de défendre les libertés et la démocratie, il s'agit de renouer avec une tradition chère à la France, celle d'être le pays des droits de l'homme.
Nous connaissons toutes et tous l'histoire de Julian Assange, qui mérite d'être rappelée. Pour avoir révélé des informations d'intérêt général au moyen de son site WikiLeaks, notamment l'espionnage par les services secrets américains du Président de la République française et de chefs de gouvernement étrangers, Julian Assange est persécuté depuis douze ans, mis sur écoute, espionné, surveillé en permanence. Pendant sept années, il s'est réfugié dans une pièce de 10 mètres carrés à l'ambassade d'Équateur à Londres. Depuis 2019, il est détenu dans une prison anglaise de haute sécurité, dans l'attente du délibéré concernant son extradition aux États-Unis où il risque 175 ans de prison.
Julian Assange n'a pas simplement fourni des informations d'intérêt général pour le monde, il a donné des informations concernant particulièrement la France. Julian Assange est donc un allié de la France, mais il n'est pas protégé. Pourtant, l'ONU, le Conseil de l'Europe, Amnesty International, Human Rights Watch et des journalistes réclament sa libération. Cette situation dépasse les clivages politiques ; les principes fondamentaux de la démocratie sont en jeu.
En raison de son combat fondamentalement politique, il est nécessaire de protéger Julian Assange en lui accordant le droit d'asile. Plus généralement, il est essentiel de permettre à tout lanceur d'alerte de nationalité étrangère, poursuivi en raison de son combat en faveur de la liberté et de la démocratie, de demander une protection à la France. Nous rappelons que le droit d'asile est un droit à valeur constitutionnelle en France. La Commission nationale consultative des droits de l'homme – CNCDH – recommande de permettre aux lanceurs d'alerte de bénéficier de ce droit. Le groupe Socialistes et apparentés, avec d'autres groupes politiques, avait d'ailleurs déposé un amendement en ce sens sur la proposition de loi de notre collègue Waserman visant à améliorer la protection des lanceurs d'alerte, mais il n'a pas été entendu par la majorité.
Parce que cette question ne se conjugue pas au passé et que nous connaîtrons certainement d'autres Julian Assange, peut-être dès demain, il est urgent de garantir une réelle protection aux lanceurs d'alerte. Ainsi, pour que toutes celles et tous ceux qui s'engagent au nom de l'intérêt général, parfois au péril de leur vie, puissent compter sur le soutien de la France et bénéficier de sa protection, nous voterons cette proposition de résolution.