Intervention de Bruno le Maire

Réunion du mercredi 19 juillet 2017 à 19h05
Commission des affaires économiques

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

L'augmentation de la CSG n'est pas un choix facile, mais nous l'assumons. Le choix a été présenté, en toute transparence, aux Français, qui l'ont ratifié lors de l'élection présidentielle, puis des élections législatives, auxquelles j'étais moi-même candidat. Ce choix politique consiste à permettre à ceux qui travaillent de percevoir à la fin du mois un salaire plus important. La CSG, je le rappelle – et vous avez eu l'honnêteté de le dire, Madame Emmanuelle Ménard –, ne concernera pas les retraités les plus modestes, puisque le seuil a été fixé à 1 200 euros pour une personne seule et à environ 1 800 euros pour un couple. Encore une fois, c'est un choix politique. Il s'agit de demander aux retraités de consentir un effort en faveur de l'emploi des générations qui viennent. Je préfère le dire ainsi, car on a trop souvent annoncé, dès que l'on prenait une décision difficile et courageuse – et c'est une décision difficile et courageuse –, qu'on la compenserait par ailleurs, de sorte que la mesure n'avait plus aucun sens, ce que l'on gagnait d'un côté étant perdu de l'autre.

J'assume cette décision que, je crois, beaucoup de Français comprennent. J'entends parfaitement les inquiétudes des retraités, mais il me semble que, dans l'intérêt général du pays, ceux qui travaillent doivent être, demain, mieux rémunérés qu'ils ne le sont aujourd'hui.

M. François Ruffin a fait référence à l'antiquité romaine et, de fait, il a renoué avec le ton un peu véhément des Catilinaires de Cicéron. Remettons sereinement les choses à plat. Non, la politique fiscale ne se résume pas à des cadeaux pour les riches. La suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des ménages contribue à alléger la fiscalité pour tous les Français, notamment les plus modestes. Supprimer toutes les charges salariales perçues au titre de l'assurance chômage et de l'assurance maladie est un moyen de redonner, à la fin du mois, de l'argent aux Français qui travaillent. Je pourrais citer d'autres mesures qui ne sont pas de nature fiscale et qui ont un coût important pour le budget de l'État, mais qui me paraissent légitimes car elles bénéficient aux plus fragiles ; je pense, par exemple, à l'augmentation de l'allocation aux adultes handicapés.

Sur la dette, nous avons un point de divergence, Monsieur François Ruffin. Je crois, quant à moi, que le meilleur moyen de diminuer la dette est de retrouver de la croissance, et donc d'améliorer les rentrées fiscales. Or, pour cela, il faut alléger la pression qui pèse aujourd'hui sur ceux qui créent de la richesse, c'est-à-dire les entrepreneurs. Au bout du compte, c'est la seule façon de faire baisser la dette : la France doit créer plus de richesses, plus d'emplois et exploiter pleinement son potentiel économique. Nous aurons l'occasion, je l'espère, de poursuivre ce débat.

Un mot sur les stratégies industrielles, qu'a évoquées Mme Christine Hennion. Je rappelle qu'outre le volet fiscal, il y a un aspect que nous n'avons pas du tout évoqué et qui est pourtant absolument capital ; je veux parler de la politique commerciale internationale. Au G20, c'est un des sujets de discussion les plus durs avec les présidents chinois, russe et américain. Nous souhaitons avoir accès aux marchés publics des États dont les ressortissants ont accès à nos propres marchés publics. Ce qui est possible pour les investisseurs chinois en France doit l'être pour les entreprises françaises en Chine, dans le cadre d'un commerce équitable fondé sur un principe de réciprocité. Par ailleurs, nous voulons protéger nos entreprises stratégiques contre des investissements hostiles et, à cette fin, nous adopterons avec l'Allemagne de nouveaux dispositifs. C'est un enjeu majeur.

Enfin, nous refusons le dumping pratiqué par certains. M. Thierry Benoit a évoqué les panneaux solaires chinois. Si l'industrie du photovoltaïque a disparu en Europe, notamment en France, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes et à notre faiblesse. Lorsqu'on refuse d'accorder des aides d'État à une entreprise qui émerge dans ce secteur et qu'on laisse entrer en Europe des panneaux photovoltaïques largement subventionnés par l'État chinois, ne nous étonnons pas de n'avoir, au bout du compte, que nos yeux pour pleurer.

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