Par cet amendement, nous nous opposons à la possibilité offerte aux ligues professionnelles de créer une société commerciale. Nous ne sommes pas les seuls à défendre cette position, soutenue également par les professionnels. J'ai donné quelques interviews à des journalistes de magazines sportifs spécialisés : ils m'ont indiqué qu'elle trouvait un écho très favorable dans le monde sportif.
En permettant aux ligues professionnelles de créer une société commerciale et de céder une part de leur capital à des investisseurs, on accentue la financiarisation du football, malheureusement déjà bien engagée. Des fonds d'investissement vont désormais participer à la gouvernance du football professionnel français. Or ces acteurs n'ont que faire du sport : leur unique intérêt est le profit, à n'importe quelle condition et sans vision de long terme – du football, notamment.
Vous avez travaillé sur le sujet, monsieur le rapporteur, et vous savez quel risque ferait courir une telle disposition. Rappelons-nous la malheureuse expérience du rachat de certains clubs du championnat de football par des acteurs dont la seule volonté était d'engranger des bénéfices – un très grand club a été dans ce cas récemment et un autre le sera bientôt –, au détriment d'une politique de structuration ancrée localement et des choix des supporteurs. Il existe également un risque important que les fonds d'investissement fassent, au sein des ligues professionnelles, ce qu'ils font depuis plusieurs années dans le football : utiliser ce sport comme un objet spéculatif et oublier sa dimension populaire et locale.
Le groupe La France insoumise souhaite, au contraire, que le spectacle sportif soit accessible à tous. C'est la raison pour laquelle nous avons présenté l'amendement n° 77 qui propose que la retransmission en direct d'au moins un match par journée de compétition organisée par une ligue professionnelle ait lieu sur une chaîne non payante.
La création d'une société commerciale par les ligues professionnelles ne répond pas au problème posé par le modèle économique du sport professionnel. Elle permettra simplement à des investisseurs de s'approprier une partie de la valeur du football professionnel français, au détriment du football populaire et local que nous défendons.