Cher Erwan Balanant, qui soutenez cette cause depuis si longtemps, dans le monde, deux jeunes sur trois déclarent craindre la violence à l'école ou à ses abords. « Nous demandons à être protégés et épargnés de toutes les formes et de tous les degrés de violence à l'école. Pour cela, nous demandons que les écoles soient régies par des règles, des réglementations et des plans d'action clairs permettant l'application de réformes et de recours afin d'offrir à tous les élèves un environnement d'apprentissage sûr. » C'est à cette demande simple, formulée par une centaine de jeunes dans le cadre d'un manifeste de l'UNICEF, que nous souhaitons répondre grâce à la proposition de loi.
Celle-ci ne porte pas sur la violence physique, intolérable, évidemment, mais plus facile à identifier : elle traite d'une violence plus insidieuse, pernicieuse, celle qui se chuchote dans le dos des victimes, celle qui prend souvent sa source dans une différence, un handicap, un sexting – l'envoi de textos à caractère sexuel – malencontreux, voire tout simplement dans le fait que tel ou tel est jugé trop réservé, trop studieux, trop « fort en thème » ; celle qui se répète chaque jour, encore et encore, et dont l'amplification numérique ne laisse aucun répit à la victime, poursuivie jusque dans sa chambre ; celle qui, dans les cours d'école ou de collège, partant d'un cercle restreint, s'élargit très vite, à tel point qu'un élève se retrouve parfois ostracisé par tout l'établissement avant qu'aucun enseignant ait eu vent de la chose ou puisse en évaluer l'ampleur – de même que nombre de parents découvrent des années plus tard, voire jamais, ce que leur enfant a subi, ce dont il garde des séquelles indélébiles, ce qui, souvent, l'a poussé à des actes tragiques.
Il faut en finir avec cette loi du silence, avec le tabou et la victimisation qui entourent le signalement du harcèlement : c'est pourquoi nous créons un délit de harcèlement scolaire. Il s'agit non pas de mettre des enfants en prison, mais de proclamer que l'école, le collège sont des sanctuaires, où l'on apprend la vie, libre et serein.