Madame la ministre auprès du ministre de l'intérieur, je vous interroge à propos des difficultés que rencontrent, notamment en Seine-Saint-Denis mais pas seulement, les effectifs de la brigade anticriminalité – BAC.
Il semble que le nombre de tests d'habilitation effectués pour pouvoir travailler en BAC ne permet pas de renforcer comme il se doit les effectifs, ni même simplement de les maintenir. Dans le seul district dont dépend ma circonscription, trois des cinq équipes de BAC sont aujourd'hui dépourvues de moyens, à tel point qu'elles ne peuvent plus assurer une présence quotidienne.
C'est pourquoi manifestement la hiérarchie policière envisage dans notre département de mutualiser les effectifs de plusieurs commissariats limitrophes pour constituer une BAC de district sur cette plage horaire. En clair, on fait avec les moyens du bord et, là où trois étaient dépourvus, on va partager sur cinq et il y aura moins d'effectifs pour assurer la sécurité. De facto on diminue la présence de la BAC sur la voie publique. Plus grave encore à mes yeux, on prend le risque de ne pas atteindre les objectifs qui sont fixés aux BAC puisqu'il y aura peu de synergies entre des fonctionnaires qui ne se connaissent pas et ne travaillent pas dans le même commissariat, et surtout du fait de la méconnaissance de la population : une brigade anticriminalité qui ne connaît pas la population perd en efficacité, ce qui augmente la dangerosité de l'intervention et les risques de dérapage ainsi que les problèmes matériels et de ressources humaines inhérents à la fonction de police.
En conséquence je regrette profondément cette décision de la hiérarchie départementale. On se demande d'ailleurs à quoi sert la police d'agglomération si on est obligé de déshabiller Pierre pour essayer d'habiller Paul – et bien mal. Cela illustre le renoncement à assurer une présence policière minimale à des populations parmi les plus défavorisées de la Seine-Saint-Denis.
Je m'interroge sur l'opportunité, compte tenu du nombre de candidats, d'organiser plus de tests de sélection pour la BAC afin de pallier ces problèmes d'effectifs. Ne vaudrait-il pas mieux, madame la ministre, trouver d'autres solutions qui permettent à chaque commissariat de Seine-Saint-Denis, département le plus criminogène de France, d'avoir au moins une BAC dotée des effectifs nécessaires et de ne pas, en plus de la criminalité importante qu'il connaît, subir la quasi-disparition de la principale force anticriminalité mise à disposition par les services de police ?