Nous vivons aujourd'hui un moment important. Notre assemblée va caler ses pas sur ceux du Sénat pour voter un texte de loi, qui après quatre années et demie de législature faites de travail, de remontées de terrain et de convictions, va nous permettre de donner à l'école française dans le monde les moyens de notre ambition pour elle.
« Le français, la langue française, la francophonie, c'est notre butin de guerre », disait Kateb Yacine. Les pays de ma circonscription, du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest, le savent : le français est un trésor qui n'appartient plus uniquement à la France. Le français est aujourd'hui, et le sera demain encore davantage, une langue africaine. Dans ce nouvel espace, face à cette nouvelle réalité, quel rôle la France doit-elle jouer ? Comment accompagner cette évolution, la promouvoir, l'encourager, la développer ?
Lors de son discours du 20 mars 2018 à l'Institut de France sur l'ambition pour la langue française et le plurilinguisme, le Président de la République a fixé l'objectif de doubler les effectifs de l'enseignement français à l'étranger, c'est-à-dire d'accueillir 700 000 élèves d'ici à 2030 dans nos écoles à travers le monde. Cette ambition marque un tournant dans notre politique d'influence et d'attractivité en direction de nos partenaires étrangers, dans un secteur de coopération de plus en plus concurrentiel.
L'AEFE est au cœur de cette stratégie par son réseau unique au monde, que beaucoup nous envient. Je le constate à chacun de mes déplacements dans les seize pays qui composent ma circonscription, où la densité de ses établissements est l'une des plus élevées : sur 545 établissements à travers le monde, 98 y sont recensés, dont 31 établissements en gestion directe. Partout dans les pays non francophones de ma circonscription, en Gambie, au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée-Bissao ou au Cap-Vert, les officiels locaux me disent en bon français : « faites-nous des écoles françaises ! ».
Néanmoins, la modernisation de la gouvernance de l'AEFE par une plus grande participation des parents d'élèves et un renforcement des dispositifs de formation s'avère nécessaire : c'est l'objet du texte. Les associations de parents d'élèves, avec qui je m'entretiens quotidiennement – encore ce matin avec Adyl Touhami, le représentant d'une toute nouvelle association, l'Union des associations de parents d'élèves de l'étranger (UNAPE) – et à qui ce magnifique réseau doit tout, n'ont eu de cesse de militer pour être associées davantage à la gouvernance de l'AEFE.
La proposition de loi que nous examinons vise à y répondre. J'ai une pensée pour mon ami François Normant, président de la Fédération des associations de parents d'élèves des établissements d'enseignement français à l'étranger – FAPEE –, qui est certainement en train de suivre nos débats du Sénégal, où il réside.