Madame la secrétaire d'État, j'appelle l'attention du Gouvernement sur une situation propre à ma circonscription. Le territoire Albi-Carmaux n'a jamais été autant polarisé. Depuis de nombreuses années maintenant, nous faisons face à un réel problème avec la RN88 au niveau de la zone commerciale entre l'entrée d'Albi et la commune de Lescure, au fameux rond-point de l'Arquipeyre : ce passage est saturé et devient invivable pour tous les citoyens qui n'ont pas d'autre choix que de le traverser, sans compter les camions et autres véhicules qui vont chercher d'autres axes et traversent d'autres petites communes, lesquelles commencent à être fortement affectées, comme celle d'Arthès.
En 2000 un projet de grand contournement d'Albi a été validé mais, depuis lors, rien n'a été fait, faute de consensus entre les élus. Les autres solutions proposées, consistant à modifier le flux actuel en séparant le trafic urbain du trafic au long cours ou à faire une déviation au niveau de Lescure, ne remportent pas non plus un grand succès : la première nécessite de coûteuses études, qui dépendent aussi du consentement de la communauté d'agglomération d'Albi, et la seconde ne satisfait pas la collectivité de Lescure et ses habitants.
Le contournement nord-ouest n'est pas un sujet spécifiquement albigeois : il est un enjeu d'ouverture et d'aménagement du territoire, ce qui n'a d'ailleurs pas échappé au Grenelle de l'environnement et à l'Autorité environnementale. La RN88 fait encore partie des rares projets routiers encore inscrits au schéma national des infrastructures de transport (SNIT) et tolérés par le Grenelle de l'environnement. À l'inverse, dans les autres départements, la question des routes est omniprésente. Par des négociations appuyées, l'Aveyron vient ainsi d'obtenir la mise à deux fois deux voies de la RN88 sur tout le département pour 2027 et, de fait, si rien n'est fait au niveau d'Albi et de Lescure, il sera bientôt plus facile pour le Carmausin de se tourner vers Rodez que vers Albi.
Les derniers chiffres de la direction interdépartementale des routes du Sud-Ouest (DIRSO) indiquent pour 2019 une croissance du trafic : en une année, la rocade a subi une augmentation de 1 500 véhicules par jour, portant le trafic à 53 200 véhicules. Ces données montrent que, comme cela avait été annoncé voilà vingt ans, la rocade se dirige vers la saturation avant dix ans. La question des nuisances aux riverains devient également très préoccupante.
Le développement du Nord du Tarn doit se faire de manière intégrée, autour d'un réseau routier pensé à l'avance et maîtrisé. Nous devons, collectivement, avoir une attitude objective, à la hauteur des enjeux, en laissant de côté la politique et les intérêts individuels, en réunissant donc État et collectivités locales, départementales et régionales, pour trouver une solution à ce dossier qui dessinera définitivement le tracé de l'autoroute Lyon-Toulouse dont le territoire a besoin. Il est nécessaire d'agir aussi pour Lescure, et d'envisager des solutions claires et précises.
Quelle que soit la solution choisie, il en faut une, et je vous interpelle aujourd'hui, madame la secrétaire d'État, car tout mon territoire et moi-même comptons sur vous pour faire avancer le dossier, qui reste bloqué au niveau local depuis bien trop longtemps déjà. Quelles solutions avons-nous pour faire évoluer cette situation qui devient de plus en plus critique chaque jour ?