Je souhaite vous interroger sur un sujet qui m'est cher, porté depuis de longs mois, de nombreuses années par nombre d'associations : la déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).
Actuellement, le montant de l'AAH est calculé en fonction des ressources du couple. Cela rend le revenu de la personne en situation de handicap dépendant de celui de son conjoint. C'est insupportable.
À maintes reprises, le débat pour individualiser cette prestation a eu lieu dans cet hémicycle, provoquant le rejet de la majorité, en contradiction totale avec l'obligation et la volonté de donner aux personnes en situation de handicap la possibilité de vivre dignement.
La révolution culturelle n'a pas lieu, c'est le choix de ce Gouvernement. Les personnes en situation de handicap dans ma circonscription témoignent pourtant de ce qu'est la réalité : « On ne se marie pas pour l'argent, mais par amour. » « Cela nous infantilise et nous invisibilise. » « On m'a tout supprimé, je suis complètement dépendante de mon mari. » « Si je suis victime de violences conjugales, comment vais-je faire financièrement, si je quitte mon conjoint ? »
Ces personnes sont victimes de votre renoncement, de votre refus de voir se réaliser un vrai droit à l'autonomie, à l'émancipation. Ce refus est incompréhensible pour les personnes et leurs familles. L'AAH n'est pas un minimum social comme les autres, elle a pour vocation de compenser simplement la difficulté ou l'impossibilité de travailler et d'avoir accès au marché de l'emploi.
Cette décision est d'autant plus incompréhensible que le Gouvernement affiche depuis plusieurs semaines, dans un contexte pré-électoral, son volontarisme politique en matière d'autonomie et d'augmentation du pouvoir d'achat, et ce dans un contexte d'inflation et de précarité que nous connaissons toutes et tous.
Jusqu'à maintenant, le Gouvernement a fait le choix de la solidarité conjugale, de la soumission financière et d'une vision patriarcale du couple, au détriment de l'autonomie et de la dignité des personnes en situation de handicap. Mais j'ai la conviction qu'il n'est pas trop tard. Madame la ministre déléguée, quelles mesures compte enfin prendre le Gouvernement afin de reconnaître les spécificités de l'AAH et de ses bénéficiaires et, ainsi, d'en modifier les règles de calcul pour plus d'inclusion et de justice sociale ?