…ces ventes sont loin d'être neutres pour l'armée de l'air. Comme l'a évoqué mon collègue Jean-Jacques Ferrara, rapporteur du budget de l'armée de l'air, c'est au sein de cette armée que seront prélevés les appareils acquis d'occasion par la Grèce et la Croatie.
S'il faut évidemment saluer ces commandes, qui marquent une européanisation du Rafale, il n'en reste pas moins vrai que vingt-quatre de ces avions d'occasion, livrés à la Grèce et à la Croatie, seront prélevés sur les forces vives de nos escadrons. En outre, ces prélèvements interviennent alors que durant la même période, douze Mirage 2000-C et treize Mirage 2000-D non rénovés seront retirés du service. En pratique, l'armée de l'air perd l'équivalent de plus d'un escadron, ce qui est énorme ! Malgré votre promesse de 129 Rafale pour 2025, vous avez fini par reconnaître avec honnêteté, madame la ministre, que cet objectif ne serait pas atteint.
Or l'ancien chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace avait pourtant affirmé que « le point de passage en 2025 à 129 Rafale était primordial ». L'ère du tout-Rafale est encore loin pour notre armée ; cela est regrettable pour notre souveraineté. Dans une période où la probabilité de conflits de haute intensité n'a jamais été aussi proche, comment peut-on ainsi affaiblir notre armée ? Il est de votre devoir de compenser au plus vite la perte causée par ces exportations pour éviter d'accentuer le décalage entre la cible fixée par votre loi de programmation militaire (LPM) et la réalité. Une vingtaine de Rafale manqueront à l'appel en 2025 ; combien en manquera-t-il en 2030 ? Madame la ministre, face à cette rupture capacitaire critique, surtout lorsqu'un conflit de haute intensité menace, je souhaiterais savoir ce que vous envisagez pour y remédier.