Ma question, qui s'adresse à Mme la ministre des outre-mer, concerne la situation des restaurants de plage, dits « paillotes », à La Réunion.
Le niveau des océans ne cesse de s'élever et les plages en sont les premières victimes, avec des dommages de plus en plus importants, notamment en termes de recul du trait de côte et d'érosion du littoral. À l'île de La Réunion, le lagon est un atout essentiel en matière de tourisme, et la réserve marine est venue sanctuariser cette biodiversité remarquable. Aux termes de la loi, le domaine public maritime est un patrimoine collectif inaliénable et imprescriptible. Les règles sont nombreuses, qu'il s'agisse de la « loi littoral », des cinquante pas géométriques, du code de l'urbanisme, du code de l'environnement ou du décret relatif aux concessions de plage.
Pourtant, des restaurants de plage et des paillotes ont été érigés et ne cessent de s'agrandir à même la plage de l'Hermitage, dans la zone balnéaire de Saint-Gilles, portant atteinte au libre passage du public. J'ai moi-même constaté une largeur insuffisante entre le rivage naturel de la mer et des enrochements et remblaiements. Les illégalités sont nombreuses et évidentes, mais ne semblent pas être sanctionnées, d'où un sentiment d'impunité pour les responsables, qui se sentent peu menacés par un État discrédité. L'ordre public est manifestement troublé en ses trois composantes. Les riverains se plaignent de troubles à la tranquillité publique du fait de nuisances, notamment sonores, et la salubrité publique est préoccupante, avec un assainissement des eaux usées des restaurants inacceptable. J'ai vu personnellement des tuyaux d'évacuation d'eaux sales à même le sable ; je n'ose imaginer ce qu'il en est des eaux grasses issues des cuisines. Au bord même de notre réserve marine, notre lagon, notre récif corallien et notre biodiversité en souffrent assurément ! Les risques sanitaires pour la population sont aussi sensibles.
Des câbles électriques reliés à ces paillotes se trouvent également à portée de main des enfants, et la circulation de véhicules de livraison sur l'arrière-plage menacent quotidiennement la sécurité publique. Tous ces points sont aggravés par une concentration de plus en plus importante de personnes au bord du lagon, depuis que les activités de baignade sont interdites à la suite de la crise des requins. Le coût de ces atteintes graves à l'environnement est immense pour la collectivité, bien supérieur aux millions d'euros de chiffre d'affaires annuel générés par une poignée de restaurateurs de plage. Pourtant, les pollueurs ne sont pas les payeurs.
Les risques d'érosion côtière et de submersion marine sont connus et scientifiquement démontrés : qui oserait dire que la mer n'est pas à sa place ? Nous ne pouvons regarder ailleurs lorsque notre maison brûle, disait le Président Chirac au sommet de la Terre à Johannesburg en 2002. Je vous demande donc, monsieur le ministre, quelles sont les informations pertinentes que vous pouvez nous communiquer s'agissant de la résolution de cette affaire sensible et prioritaire. La solution passe nécessairement par le respect et l'application du droit, des sanctions exemplaires et rapides ainsi que le rétablissement de l'ordre public.