Intervention de Frédérique Dumas

Séance en hémicycle du mardi 22 février 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à l'engagement de la france au sahel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédérique Dumas :

La détérioration récente des rapports entre la France et l'Algérie après qu'Emmanuel Macron a cru bon de s'interroger publiquement, dans un échange avec des jeunes, sur le fait de savoir s'il existait une nation algérienne avant la colonisation française, rend-elle cette coopération plus compliquée ?

Par ailleurs vous misez désormais tout sur le Niger. Qu'en pensent les populations ? Le président Mohamed Bazoum, investi à la suite de ce qui reste une fraude électorale constatée, preuves à l'appui, est fragile.

Vous ne dites pas non plus un mot de la présence américaine, alors que Washington fournissait jusqu'ici à l'opération Barkhane de précieuses capacités de renseignement et de surveillance, notamment grâce à ses drones et ses avions spécialisés, du ravitaillement en vol et du transport logistique. Nous avons besoin des Américains : sans renseignement, rien n'est possible et, sans ravitaillement en vol, nous sommes beaucoup moins agiles. Comment réagissent les Américains ? Vous ne nous en parlez pas.

La porte-parole du ministère des affaires étrangères nous annonçait dimanche sur France 5 que le Président de la République allait ouvrir une « nouvelle ère », celle d'un nouveau partenariat avec l'Afrique. Déjà oubliés, le P3S, ou partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel, ou l'Alliance Sahel, dont on connaît les défaillances, dispositifs qui étaient censés répondre aux besoins des populations à court et à long terme ! On voit le résultat, et j'imagine que l'on trouvera bien un nouveau sigle pour ce nouveau partenariat.

Il existe certes sur les réseaux sociaux des campagnes de désinformation et de manipulations menées contre la France, mais ce qui crève les yeux, c'est que nous donnons matière à instrumentalisation. Pensez-vous sérieusement que, sans un changement profond et réel de logiciel, nous pourrons rester sereinement un partenaire crédible pour les citoyens en Afrique ?

Pouvons-nous enfin travailler sur des dispositifs qui ne soient pas hors-sol, mais qui atterrissent dans la réalité ? Cela demande d'écouter et, surtout, d'entendre les acteurs de terrain. Je vous invite, à cet égard, à lire les recommandations de la Coalition citoyenne pour le Sahel, qui a fait sur ce sujet un travail absolument remarquable.

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