Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 22 février 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à l'engagement de la france au sahel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Je ne parle même pas du franc CFA ou de son avatar l'éco, instrument de domination monétaire de la France dans la région !

Face au blocage des voies démocratiques, il semble que pour beaucoup, l'envie d'indépendance et de souveraineté ait remplacé le désir de démocratie. C'est un changement majeur qui bouleverse les dynamiques au Sahel. Évidemment, nous, élus d'une démocratie moins fragile que celle de ces États, l'inversion des priorités entre souveraineté et démocratie nous dérange au plus haut point ; mais il faut reconnaître qu'au Sahel, dans une zone où les entreprises françaises sont très influentes, où l'on paie en francs CFA et où les autocrates sont validés par Paris, la notion d'indépendance et de souveraineté prend souvent la forme d'une défiance envers notre pays.

Et cette défiance est renforcée par l'insécurité, qui ne recule pas. La preuve en est qu'il y a neuf ans, au début de l'opération militaire française, les djihadistes et autres entrepreneurs de violence étaient présents sur 10 % du territoire malien alors qu'aujourd'hui, près de 90 % est classé en zone dangereuse.

Outre les cinquante-neuf militaires français tués auxquels nous devons rendre hommage pour leur engagement, il faut rappeler que pour la seule année 2021, il y a eu 4 838 victimes africaines, sans compter les 2,2 millions de personnes déplacées internes et les 200 000 réfugiés.

Nous ne pouvons que constater que le peuple malien ne s'est pas opposé à l'arrivée au pouvoir de ces militaires. Il ne les juge pas bons démocrates, personne ne s'y trompe, mais il les considère davantage capables de lutter contre le terrorisme et plus à même d'agir indépendamment de la France pour retrouver de la souveraineté. C'est un fait. Certains pensent même que ces nouveaux dirigeants rendent sa fierté au peuple malien.

C'est cela qu'il vous faut comprendre d'urgence. Que l'on croie ou non à la sincérité des intentions du régime malien actuel, peu importe ! Le constat est sans appel : nous avons perdu le soutien des Maliens. Attention à ne pas faire de confusions : le peuple malien n'est pas anti-Français, il s'oppose à la politique que la France mène actuellement, dans la continuité des décennies précédentes.

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