Madame la secrétaire d'État, on compte en France 200 casinos, qui génèrent 15 000 emplois directs et 30 000 emplois indirects ou saisonniers, pour l'essentiel rémunérés à un niveau tout juste supérieur aux minima sociaux. Ils rapportent 1,2 milliard d'euros de prélèvements par an, dont 60 % pour l'État, 21 % pour les communes et 19 % pour les affaires sociales.
Cette importante filière sort à peine d'une période de régression de plus de dix ans. Son produit brut a baissé de plus de 25 % en raison des effets conjugués de la crise économique, de l'application de la loi antitabac, du contrôle d'identité aux entrées et de l'essor des jeux en ligne et des jeux clandestins.
Le produit brut des jeux – 2,2 milliards d'euros, en hausse de 2,5 % l'année passée – ne doit pas masquer le fait que plus de cent casinos ont un chiffre d'affaires inférieur à 8 millions d'euros, avec une moyenne de dix emplois pour 1 million d'euros. Le chiffre d'affaires des sept casinos de ma circonscription a progressé cette année, mais au prix du sacrifice d'embauches ou d'investissements. L'augmentation de la CSG pour tous, que nous avons votée, aura elle aussi des conséquences directes sur les comptes de ces établissements, pour plus de 20 millions d'euros selon les estimations.
Or les casinos contribuent pour une grande part à l'activité et à l'attractivité touristique du territoire, et représentent une ressource budgétaire indéniable pour les communes où ils se trouvent.
Quelles mesures prendre pour accompagner le fort investissement dont ils ont besoin, eux qui sont aussi financeurs du tourisme, lequel est une priorité gouvernementale ?
Par ailleurs, ces acteurs économiques souffrent silencieusement dans leur gestion du quotidien, car l'image de leur activité fait les frais de clichés venus d'une époque révolue. Ils ont pris l'habitude d'être déconsidérés auprès du grand public, de quelques politiques, mais aussi de certaines administrations. Pourtant, les conditions d'exploitation de ces entreprises sont officiellement scrutées, vérifiées, au moyen de procédures qui mériteraient aussi d'être revues. Un casinotier est avant tout une personne morale, un commerçant déclaré ; mais il est trop souvent vu comme un délinquant potentiel et subit une présomption de culpabilité.
Au titre de la protection du jeu, des joueurs et de la lutte contre le blanchiment d'argent, les pouvoirs publics et Tracfin demandent aux casinotiers de faire preuve d'une vigilance plus qu'accrue. Leur sens civique les y pousse naturellement. Mais dans quel cadre le peuvent-ils, et avec quel accompagnement des services de l'État ?
Madame la secrétaire d'État, c'est toute une profession qui espère des marques de considération, une profession qui n'a de cesse de donner des gages de son civisme, de son sens des responsabilités, de son souci de l'intérêt public en coopérant avec tous les services de l'État, et qui peine pourtant à être considérée comme un partenaire. Les casinos veulent relever ces défis, mais avec les pouvoirs publics pour partenaires. Comment renouer le contact ?