Intervention de Pascal Brindeau

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 9h00
Déclaration du gouvernement relative à l'évolution de la situation sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Brindeau :

Si nous sommes réunis, en vertu de l'article 50-1 de la Constitution, pour un débat sur l'actualité de la crise sanitaire et sur sa gestion, celui-ci peut malheureusement sembler quelque peu décalé par rapport à la situation de crise internationale et à la guerre qui se déploie désormais sur le sol ukrainien. Merci, monsieur le président, d'avoir autorisé les représentants de chaque groupe politique à s'exprimer sur ce sujet, préalablement à notre débat. Celui-ci conserve malgré tout son actualité, puisque nos concitoyens sont encore très nombreux à être frappés par la crise sanitaire. Comme d'autres, j'ai une pensée pour les plus de 137 000 de nos concitoyens qui ont perdu la vie depuis le début de la crise de la covid-19.

Certes, nous pouvons nous réjouir de l'amélioration sensible et rapide de la situation sanitaire, puisque les différents indicateurs – le taux d'incidence, le taux de reproduction – montrent une baisse rapide. Gardons simplement en tête que le taux d'incidence avoisine actuellement les 800 cas pour 100 000 habitants, et que, il y a seulement quelques mois, lorsque le taux d'incidence dépassait 900 cas, on confinait le pays ou on instaurait un couvre-feu dès dix-neuf heures pour l'ensemble d'un département ou d'une région – je pense aux outre-mer. Aujourd'hui, même avec la prolifération très rapide du variant omicron, qui nous a submergés – nous le savions, nous l'avons vu venir –, les mesures restrictives de nos libertés sont malgré tout, grâce au vaccin, moindres que lors du début de la crise, notamment lors du confinement total de la population pour plusieurs semaines, en mars 2020.

Lors de votre intervention, vous avez, monsieur le ministre, balayé d'une main ce que vous considérez comme des polémiques un peu stériles sur un certain nombre de sujets – l'état de droit, le calendrier des mesures de levée d'un certain nombre de restrictions pour les semaines à venir –, j'y reviendrai.

Cette crise engendre deux types de débats.

Le premier, qui, de mon point de vue, est assez illégitime, est celui de l'irrationnel. Il consiste malheureusement, pour un certain nombre de responsables politiques, à nier la réalité et, faisant fi de l'esprit scientifique, à refuser de reconnaître que la recherche a heureusement permis, dans des délais records, à presque l'ensemble de la population mondiale – nous pourrons aussi revenir sur ce « presque » – d'avoir accès aux vaccins qui sauvent des vies en protégeant, à tout le moins, des formes graves du virus. La recherche nous permet ainsi de faire face, même lorsque la crise épidémique connaît un rebond ou que la vague d'un nouveau variant tel qu'omicron se fait jour. En effet, vous l'avez rappelé, personne ne peut dire si demain, dans quelques semaines, dans quelques mois ou dans quelques années, nous connaîtrons la disparition définitive de ce virus ou s'il reviendra sous d'autres formes, saisonnières ou pas. Le vaccin nous permet en revanche une certitude, celle de pouvoir lutter plus efficacement contre la maladie qu'en son absence.

Le deuxième débat est celui de la rationalité, que je considère comme parfaitement légitime, qui peut amener les uns et les autres à critiquer les mesures proposées et à faire des contre-propositions : c'est toute l'utilité du débat parlementaire et l'honneur du mandat qui est le nôtre. Monsieur le ministre, comme vous avez pu le constater lors des débats sur les différents textes que nous avons étudiés, nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout. Nous reconnaissons cependant que vous avez la volonté de travailler sur deux axes, que nous partageons.

Le premier axe consiste bien sûr à protéger la santé de nos concitoyens : il faudrait être pétri de certitudes pour considérer qu'il eût été facile de prendre telle ou telle mesure au début de la crise, alors que l'on n'y connaissait pas grand-chose, pas même les scientifiques. Lorsque, en mars 2020, notre pays a été sidéré par l'évolution du virus, les mesures prises, très dures et contraignantes pour la vie de nos concitoyens, n'ont globalement été ni injustes ni inadéquates. Ensuite – tel est le vrai débat que nous pouvons avoir –, vous avez parfois été amené à prendre des décisions contestables, par exemple en demandant au Parlement de se dessaisir de ses prérogatives constitutionnelles pour quelques semaines ou mois. Dans un premier temps, devant l'urgence de la situation, nous l'avons accepté. Nous avons ensuite contesté la méthode de facilité que vous avez retenue, en nous demandant des délais d'application trop longs, s'agissant notamment de l'état d'urgence sanitaire ou des mesures transitoires : le mode de gestion des relations institutionnelles entre l'exécutif et le Parlement aurait pu être plus fluide. Vous nous répondrez que nous avons passé des centaines d'heures à débattre de ces projets de loi : oui, mais nous avons le sentiment – légitime – que le Parlement a plutôt été un lieu de débat a posteriori des décisions prises par l'exécutif, ce qui est regrettable pour la vitalité de l'institution parlementaire et de notre vie démocratique.

La situation de l'hôpital public est le deuxième axe que nous partageons avec vous, notamment la politique envers nos soignants – vous les avez appelés « les hussards blancs de la République » et nous les applaudissions tous les soirs, à vingt heures, au début de la crise, avec une reconnaissance incroyable. Ils ont aujourd'hui besoin, pour beaucoup d'entre eux, de repos : nous devons être très vigilants car, si la situation sanitaire s'améliore très rapidement, le nombre des hospitalisations, dont celles en réanimation, baisse moins rapidement. Cela est logique, puisqu'il y a toujours un décalage entre le reflux du virus et les sorties d'hôpitaux, qu'il s'agisse de la réanimation ou de l'hospitalisation conventionnelle.

Malgré tout – nous le savons, vous le savez –, l'hôpital public a souffert. La situation d'impréparation dans laquelle il se trouve constitue l'une des faiblesses françaises. L'hôpital a eu du mal à se montrer réactif pour s'adapter à une crise sanitaire, certes sans précédent, mais qui aurait pu conduire à une amélioration de notre système de santé. Le groupe UDI et indépendants milite pour une régionalisation des questions de politique de santé : en effet, on l'a vu, les collectivités territoriales sont plus réactives que l'État, déconcentré ou central.

Monsieur le ministre – je ne dispose que de dix minutes et je vais dépasser mon temps de parole –,…

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