Intervention de Pierre-Yves Bournazel

Séance en hémicycle du jeudi 24 février 2022 à 15h00
Combattre le harcèlement scolaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Yves Bournazel :

Nous voici une dernière fois réunis pour examiner la proposition de loi visant à combattre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, que notre assemblée a adopté par deux fois à l'unanimité. Si nous regrettons l'absence d'un accord avec nos collègues sénateurs, la suppression du délit autonome à l'article 4 et l'exclusion des adultes de la définition du harcèlement scolaire à l'article 1er constituaient des lignes rouges que notre majorité ne pouvait se résoudre à franchir.

Force est de constater, en effet, que l'infraction de harcèlement moral est aujourd'hui inadaptée pour qualifier les faits de harcèlement scolaire. De même, si l'immense majorité des cas de harcèlement scolaire sont le fait d'élèves, la définition juridique ne peut exclure de facto les très rares cas dans lesquels l'auteur est un adulte. C'est pourquoi nous avons soutenu cette disposition et nous avons, en nouvelle lecture, acté le rétablissement des deux articles dans leur rédaction initiale.

Il est des drames individuels qui sont aussi collectifs et qui nous poussent à agir en responsabilité. Je pense, en particulier, au suicide de la jeune Dinah, qui a mis fin à ses jours le 5 octobre dernier, à l'âge de 14 ans ; il en est une triste illustration.

Agressions physiques, insultes racistes, homophobes ou sexistes : la violence, qui cessait autrefois à seize heures trente, franchit désormais la grille de l'école et se poursuit de plus belle dans le confort de l'anonymat des réseaux sociaux.

Dinah n'est malheureusement pas un cas isolé : au moins dix-neuf élèves ont mis fin à leurs jours l'an dernier sous la pression de leurs camarades harceleurs. Dinah est le triste visage d'un fléau qui toucherait de 6 à 10 % des enfants. Ce sont autant de familles et d'enseignants qui se retrouvent chaque année dans des situations difficiles et souvent dramatiques. Aucune région, aucune ville, aucun établissement, aucune classe sociale ne sont épargnés.

Trop souvent, la souffrance des victimes est pourtant passée sous silence. L'isolement, la honte, la peur d'en parler à ses parents ou à ses professeurs sont autant de verrous qu'il faut briser pour que cesse enfin la loi du silence. Car c'est bien là que réside le véritable enjeu : libérer et mieux recueillir la parole des victimes.

Or, il convient de le reconnaître, notre pays a tardé à prendre conscience du phénomène et à bâtir une réelle politique publique de lutte contre les violences scolaires.

Depuis 2017, nous avons agi afin de faire évoluer, dans la vie scolaire quotidienne, la prévention des faits de harcèlement et la prise en charge des victimes. Je pense bien sûr à l'introduction du « droit à une scolarité sans harcèlement » dans la loi pour une école de la confiance, promulguée en 2019,…

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