Intervention de Michel Herbillon

Séance en hémicycle du mardi 1er mars 2022 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la décision de la russie de faire la guerre à l'ukraine

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

L'Union européenne va financer à hauteur de 450 millions d'euros la livraison d'armes létales. De nombreuses banques russes sont bannies de la plateforme interbancaire SWIFT. L'espace aérien européen est fermé aux compagnies russes. Les médias de propagande russes RT et Sputnik sont désormais interdits. Des tabous sont en train de tomber. Le sursaut européen est impressionnant : l'Union européenne se donne enfin les moyens de se comporter comme une véritable puissance géopolitique.

Cela étant, bien que massives et fortes, ces sanctions sont aussi révélatrices de notre impuissance collective à stopper immédiatement le cours des événements. On ne peut évidemment pas refaire l'histoire, mais on peut tout de même regretter de n'avoir pas su arrimer la Russie à l'Europe après la chute de l'URSS. On peut aussi regretter – était-ce par naïveté ? Par impuissance ? – d'avoir laissé Vladimir Poutine commettre de nombreux actes de guerre avant-coureurs, l'action décisive de Nicolas Sarkozy lors de la crise géorgienne en 2008 constituant une exception notable. L'invasion de la Crimée et du Donbass en 2014, les accords de Minsk non respectés depuis huit ans, la dérive autocratique de la Biélorussie, désormais cobelligérante, auraient dû inciter l'Union européenne à réagir, à organiser sa propre sécurité collective et à renforcer ses capacités de défense, car la guerre qui fait désormais rage en Ukraine a été préparée méticuleusement par Vladimir Poutine.

Alors oui, cette guerre et les sanctions que nous prenons envers la Russie auront des conséquences économiques pour la France et une incidence sur la vie quotidienne des Français, sur notre approvisionnement en énergie, sur nos agriculteurs, nos éleveurs et nos céréaliers, sur nos industriels, sur l'aéronautique, les transports et sur les entreprises françaises présentes en Russie – la France est en effet le premier employeur étranger dans le pays. Aussi convient-il sans doute de calibrer au mieux les sanctions, d'en mesurer les conséquences pour la France et d'apporter des aides ciblées pour soutenir les secteurs les plus touchés et préserver le pouvoir d'achat des Français.

Il convient aussi de nous interroger collectivement sur nos efforts et sur le prix que nous sommes prêts à payer pour contenir la volonté de Vladimir Poutine de reconstituer sa zone d'influence. Car ce sont bien nos libertés, nos démocraties et nos valeurs qui sont testées et remises en cause par cette guerre. Face à cette situation, la France, les pays européens et, plus largement, les Occidentaux doivent résister. Nous, Européens, devons enfin cesser les incantations et constituer notre propre système de sécurité collective, renforcer nos capacités autonomes de défense et retrouver notre souveraineté et notre indépendance dans les secteurs stratégiques comme l'énergie, l'agriculture, l'alimentation et la santé.

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