Monsieur l'ambassadeur, c'est un privilège de vous accueillir parmi nous dans le cadre de cette audition, en dépit des circonstances dramatiques que connaît l'Ukraine. Je tiens tout d'abord à vous exprimer notre plus grande reconnaissance pour votre engagement au service des populations ukrainiennes et des ressortissants français, ainsi que pour l'ensemble des actions de soutien à l'Ukraine que vous avez menées ces derniers mois. Ce sentiment de mon groupe est très largement partagé parmi les membres de notre commission.
Je tiens à rappeler que nous, députés de la majorité, condamnons fermement l'agression de l'Ukraine par la Russie. Nous approuvons le haut niveau de sanctions mis en place par l'Union européenne, sous présidence française, alors qu'un sixième train de sanctions incluant un embargo progressif sur les livraisons de pétrole est actuellement à l'étude. Comme ses alliés, la France fournit à l'Ukraine des armes permettant d'enrayer la progression des forces russes. Les députés du groupe La République en Marche soutiennent cet envoi de matériel permettant aux forces ukrainiennes de se défendre et de protéger leur territoire et, surtout, les populations civiles. Cela nous distingue peut-être d'autres groupes politiques de l'Assemblée nationale.
Par ailleurs, je veux ici redire notre effroi face aux exactions commises à Boutcha et ailleurs dans le pays. De tels faits ne sauraient être ignorés ; il convient au contraire de les documenter. À ce titre, nous nous félicitons que les gendarmes accueillis par votre ambassade soient présents sur le terrain afin d'identifier les victimes et de collecter les preuves de crimes de guerre. Avec plusieurs collègues de la commission des affaires étrangères, nous avons fait parvenir aux députés russes de la Douma une lettre leur rappelant leur responsabilité devant l'histoire au regard de cette agression et des exactions perpétrées.
Permettez-moi à présent de vous adresser quelques questions. La première portera sur la possibilité d'évacuation des civils, notamment de ceux qui se sont retranchés dans l'usine Azovstal et plus généralement à Marioupol. Le président Macron avait engagé des discussions avec la Turquie et la Grèce afin d'ouvrir un corridor humanitaire. Comment se déroulent aujourd'hui la prise en charge et l'évacuation des populations, en particulier à Marioupol ?
Le président Macron s'entretient régulièrement avec les présidents Poutine et Zelensky. Ce dernier réclame un cessez-le-feu avant de commencer la négociation. Vous semble-t-il qu'il souhaite s'engager dès maintenant dans la voie du dialogue ? À vos yeux, quelles sont les chances de parvenir à un cessez-le-feu ?
Le président Poutine pourrait avoir la velléité d'assiéger Odessa en vue d'asphyxier l'Ukraine. Le port d'Odessa, sur la mer Noire, est en effet le poumon économique du pays, où transitent 30 % du pétrole importé par l'Union européenne ainsi que d'autres marchandises, notamment du blé et des céréales. La prise d'Odessa permettrait aussi aux forces russes d'établir la continuité territoriale des régions qu'elles occupent, de l'est jusqu'au sud, et de verrouiller leur mainmise sur la Crimée. Cette hypothèse d'un siège d'Odessa serait-elle de nature à faire durer la guerre ?
En cas de désescalade ou d'apaisement du conflit, comment voyez-vous l'avenir ? Quel pourrait être le nouveau paysage de l'Ukraine à l'issue de cette guerre ? Quelles concessions l'Ukraine serait-elle prête à faire ? Une partition du Donbass est-elle envisageable ? Envisagez-vous le retour des réfugiés et le début d'un travail de reconstruction, dès maintenant ou à moyen terme ?