Nous poursuivons cette matinée d'auditions sur la militarité de la gendarmerie en recevant M. le général de corps d'armée Hubert Bonneau, directeur des opérations et de l'emploi et M. le colonel Frédéric Labrunye, chef du pôle stratégie au cabinet du directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN). Nous avons eu la joie d'auditionner le directeur général de la gendarmerie hier soir.
Général, colonel, c'est la première fois que nous vous recevons pour une audition au sein de la commission de la défense. Je vous remercie chaleureusement d'avoir accepté notre invitation. Général, vous avez entre autres commandé l'escadron parachutiste d'intervention de la gendarmerie nationale de 1995 à 1998 et le groupe d'intervention de la gendarmerie (GIGN) de 2014 à 2017. Vous avez aussi été directeur de la sécurité diplomatique au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères de 2017 à 2020, avant d'être nommé à la tête de la direction des opérations et de l'emploi.
Cette direction a pour mission de proposer des réponses aux crises pour garantir sur l'ensemble du territoire de la République la défense des institutions et des intérêts nationaux, le respect des lois, le maintien de la paix et de l'ordre public, la protection des personnes, des biens et de l'environnement. Compétente sur 96 % du territoire, la gendarmerie doit faire face non seulement à des événements récurrents relevant de la vie ordinaire en temps de paix mais aussi à des situations extrêmes. Elle doit être capable d'agir rapidement, aussi bien pour des missions extérieures que sur le sol national en temps de guerre comme de paix. L'organisation militaire de la gendarmerie de même que sa composante blindée et ses moyens aériens lui octroient une capacité de projection rapide et une interopérabilité en situation de crise comme en opération extérieure (OPEX) avec les armées.
C'est pour comprendre la réalité des opérations, leur diversité et leurs évolutions que vous êtes auditionnés ce matin. Vous pourrez nous parler en outre de la création en 2021 d'un centre national des opérations (CNO), « miroir » régional des centres zonaux des opérations agrégeant les fonctions d'état-major telles que définies par la nomenclature de l'OTAN. Il serait intéressant que vous nous indiquiez ce qui a motivé ce changement d'organisation et comment fonctionne désormais votre service en cas de crise.
Pourriez-vous également évoquer le dispositif d'intervention augmenté de la gendarmerie (DIAG) qui vise à tracer et appréhender les forcenés ? Il me semble que ce dispositif est notamment utilisé dans les Cévennes, qui fait partie de ma région, l'Occitanie, mais aussi dans la Drôme. Pourriez-vous évoquer le rôle que la gendarmerie peut tenir dans le continuum compétition, contestation, affrontement ? Puisque vous avez commandé le GIGN, pourriez-vous aborder le rôle des forces d'intervention dans la gestion des crises et de l'interopérabilité des gendarmes avec les forces armées ? Quels sont le rôle et les modalités de fonctionnement des gendarmes spécialisés ? Comment la gendarmerie s'adapte-t-elle aux nouveaux enjeux, notamment grâce à une démarche capacitaire ?
Enfin, puisque le thème de la militarité de la gendarmerie est au cœur de notre réflexion, pourriez-vous nous dire en quoi elle constitue un moyen d'assurer une offre de sécurité évolutive et sur-mesure pour répondre aux nouveaux enjeux de sécurité, de contact, de défense du territoire dans une logique de redevabilité ?