Incontestablement, madame la ministre, vous êtes la bonne personne à la bonne place, non seulement parce que votre parcours est un gage de réussite pour les objectifs que vous vous êtes fixés, mais aussi parce que vous êtes animée par le pragmatisme. Nous l'avons compris le 1er juillet quand a été posée la nouvelle doctrine qui fixe comme priorités la mobilité du quotidien et la modernisation de l'existant. Cela passe par une pause et par les Assises de la mobilité, afin de préfigurer une loi de programmation pour les cinq prochaines années.
Ce pragmatisme n'est pas nouveau. Vous vous rappelez sans doute les travaux de Philippe Duron, à l'époque député du Calvados et, surtout, président de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), qui, dans son rapport « Mobilité 21 » et le schéma national de mobilité durable, plaçait déjà le transport du quotidien parmi les priorités. Mieux, quelques années plus tard, dans son rapport sur les trains d'équilibre du territoire (TET), il établissait une hiérarchie des priorités et indiquait non sans courage quelles lignes il fallait fermer, un exercice qui a été possible parce qu'il reposait sur une concertation.
Je souhaite mettre ce pragmatisme à l'épreuve des faits, en évoquant un cas que vous connaissez sans doute. Député de Normandie, je voudrais vous interroger sur la nouvelle ligne Paris-Normandie. Il y a dans ce projet des objectifs, auxquels nous souscrivons, de fiabilité et de régularité. Les enjeux sont importants : faire sauter le bouchon mantois, permettre une liaison plus efficace pour l'ex-Basse-Normandie, offrir une nouvelle gare à Rouen. En novembre 2013 a été ajouté un segment prioritaire entre Rouen et Yvetot de 34 kilomètres pour environ un milliard d'euros. Vous avez parlé d'une impasse budgétaire de 10 milliards : vous pouvez réaliser une économie d'un milliard si vous modernisez cette partie entre Yvetot et Rouen plutôt que de réaliser un nouveau tronçon.
Le nerf de la guerre, c'est bien sûr le financement. Au sujet de la future éco-vignette, allez-vous reprendre à votre compte les conclusions du rapport parlementaire de Jean-Paul Chanteguet, alors président de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, relatives à la mise à contribution des poids lourds traversant notre pays ?
Enfin, l'AFITF a un besoin de financement de 3 milliards par an. Allez-vous remettre en cause l'écrêtement de 400 millions sur les deux centimes de la TICPE ? L'État va-t-il reprendre la fameuse dette de SNCF Réseau, dont vous avez indiqué qu'elle allait augmenter de 16 milliards d'euros ? Ce serait sans doute un gage de réussite.