Intervention de Jean-Bernard Lévy

Réunion du mercredi 17 janvier 2018 à 17h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d'EDF :

Il y a eu une phase d'acclimatation lorsque les nouveaux dirigeants de GE se sont substitués à ceux d'Alstom. Cette période s'est achevée pour nous le jour où le client que nous sommes a obtenu une meilleure prise en compte de ses préoccupations – pas simplement de façon ponctuelle, pour tel ou tel chantier, mais de façon générale –, de sa culture et de la manière dont il avait toujours travaillé avec Alstom. Cette phase s'est achevée il y a maintenant plus de dix-huit mois, lors de l'inauguration de la centrale de Bouchain et de la réunion de clôture que nous avons eue avec M. Bolze et ses équipes. Cela nous a permis de repartir du bon pied. Depuis, nous estimons être très correctement traités par GE qui a adopté l'état d'esprit qui convient dans les relations entre un gros fournisseur et un gros client.

S'agissant des commandes que nous sommes susceptibles de passer, je voudrais souligner à nouveau les difficultés économiques que subit le secteur de l'hydroélectricité français, les prix de marché étant bas tandis que les impôts locaux sont élevés. Le système, tel qu'il fonctionne aujourd'hui, n'assure aucune rentabilité à nos investissements. Bien évidemment, nous assurons la maintenance et la sûreté de nos installations. Néanmoins, nous appréhendons avec précision tout projet d'investissement, compte tenu des pertes qu'il est susceptible d'entraîner si les prix de marché restent à leur niveau actuel ou si nous n'obtenons pas d'allègement de la fiscalité locale. Les investissements que nous pourrions faire dépendent en réalité du lancement de quelques grands projets, auxquels Mme Battistel a fait allusion. J'ai cité tout à l'heure un projet au Cameroun : si les choses se déroulent comme nous le souhaitons, nous devrions pouvoir prochainement lancer le chantier de Nachtigal, pour lequel nous avons présélectionné l'activité de GE Hydro comme fournisseur de la turbine. C'est un chantier important. Pour le reste, nous dépendons de la résolution du problème des concessions hydroélectriques et je ne peux que vous encourager à soutenir l'effort que fait EDF auprès du Gouvernement français pour que ce dernier obtienne un accord satisfaisant avec la Commission européenne sur ce sujet difficile.

Monsieur Lachaud, à ma connaissance, les livraisons qui ont été faites par Alstom puis GE sur les chantiers de Flamanville 3 et sur les deux réacteurs de Taishan se sont déroulées convenablement. Non pas qu'il n'y ait pas eu de difficultés – il y en a toujours dans les chantiers de cette envergure – mais elles ont été résolues. Ce ne sont pas les livraisons d'Alstom et de GE qui sont à l'origine des retards de Taishan et plus encore de Flamanville. Sans être exemplaire, la prestation d'Alstom puis de GE pour les salles des machines de Taishan et de Flamanville est tout à fait convenable. Il est trop tôt pour parler d'Hinkley Point mais nous estimons que les choses devraient bien s'y passer également puisqu'il y a peu de différences avec la salle des machines de Flamanville.

Vous avez parlé d'un chantier finlandais qui est apparemment mené par Rosatom. EDF n'en connaît rien et n'y participe d'aucune manière.

Les accords tripartites étant couverts par le secret industriel, je ne saurais engager EDF dans quelque démarche que ce soit visant à répondre à votre demande d'accès à ces documents.

Enfin, madame Pouzireff, il n'y a pas aujourd'hui de composant ITAR dans Arabelle mais si cela devait changer, il ne serait pas possible, pour le gouvernement américain, de soumettre cette turbine à une autorisation d'exportation. Cette précaution a été prise à bon escient par les personnes qui ont négocié ce point en 2013-2014.

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