Intervention de Olivier Dussopt

Séance en hémicycle du lundi 24 juillet 2017 à 16h00
Confiance dans la vie publique — Motion de renvoi en commission (projet de loi)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Dussopt :

Pour revenir à l'article 1er du projet de loi ordinaire, la commission des lois de l'Assemblée nationale a fait le choix, malgré le risque d'inconstitutionnalité rappelé par Mme la rapporteure, de mettre en oeuvre l'engagement du Président de la République de déclarer inéligible tout candidat dont le bulletin no 2 du casier judiciaire présenterait une mention de condamnation pour certaines infractions limitativement énumérées. C'était d'ailleurs l'objet d'une proposition de loi présentée par le groupe socialiste sous la précédente législature et votée à l'unanimité par notre assemblée le 1er février dernier.

Si j'en crois les amendements qui ont été déposés pour la séance publique, les députés de la majorité, qui sont à l'origine de la réécriture de l'article 1er en commission, souhaitent finalement revenir au dispositif initial proposé par le Gouvernement. Ainsi, le risque d'inconstitutionnalité, qui avait été écarté en commission pour adopter un autre dispositif, sert désormais de justification pour revenir en arrière. Ces flottements et ces revirements sont la preuve que nous légiférons de manière précipitée et que, en réalité, vous n'avez pas d'idée précise sur la direction et l'ambition que vous voulez donner aux textes en matière d'encadrement de l'accès aux mandats et aux responsabilités.

J'ajoute que l'adoption de l'amendement de réécriture générale proposé par notre rapporteure a tronqué le débat en faisant tomber – c'est logique – tous les amendements qui visaient à élargir ou définir différemment les infractions concernées. L'adoption éventuelle d'un nouvel amendement de réécriture générale en séance publique serait un nouveau coup porté à la qualité de nos débats puisqu'elle aurait les mêmes conséquences : faire tomber des amendements qui pourraient élargir utilement le périmètre des infractions concernées.

Quel que soit le dispositif retenu – celui que notre commission a adopté ou celui que le Gouvernement défend – , le groupe Nouvelle Gauche proposera de faire des violences et injures à caractère racial et homophobe ou encore de l'apologie de crimes contre l'humanité des infractions rendant inéligible tout candidat à une élection.

S'agissant des articles 4 à 8 du projet de loi organique, relatifs à l'incompatibilité du mandat parlementaire avec certaines activités de conseil, nos marges de manoeuvre sont, nous le savons, clairement limitées par la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Dans sa décision du 9 octobre 2013 sur la loi organique relative à la transparence de la vie publique, celui-ci a censuré un alinéa disposant qu' « il est interdit à tout député d'exercer une fonction de conseil, sauf dans le cadre d'une profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé et qu'il exerçait avant le début de son mandat ». Il a en effet estimé que le législateur avait « institué des interdictions qui, par leur portée, excèdent manifestement ce qui est nécessaire pour protéger la liberté de choix de l'électeur, l'indépendance de l'élu ou prévenir les risques de confusion ou de conflits d'intérêts ».

Nous présenterons plusieurs amendements qui, tout en s'inscrivant strictement dans le cadre de la Constitution et de cette jurisprudence, visent à renforcer les exigences d'incompatibilité. Notre objectif final est, en réalité, tout à fait clair : il s'agit pour nous – ce serait une mesure de salut public – d'interdire à tout député d'exercer une fonction de conseil.

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