car nous n'avons plus de temps à perdre, même s'il comporte des limites réelles par rapport aux attentes des élus ruraux et de montagne.
Parmi ces limites figure le maintien du caractère obligatoire du transfert de compétences à l'horizon 2026 : pourquoi a-t-on tant de difficulté dans notre pays à tenir compte des réalités géographiques de nos territoires ? Pourquoi systématiquement appliquer encore maintenant, alors que nous savons que cela ne fonctionne pas, le principe du jardin à la française, conçu depuis les bureaux parisiens, même lorsque cela est contre-productif, inadapté et casse des logiques de territoires ?
Je vous donne un exemple : la communauté de communes du canton de La Chambre, en Maurienne, c'est onze communes, des communes de montagne, des communes de vallée, plusieurs bassins hydrographiques, des systèmes d'assainissement extrêmement différents. Cette jeune communauté de communes créée en 2014 ne dispose que de très peu de ressources. Or la solidarité et la mutualisation dont vous parlez fonctionnent lorsque l'on a suffisamment de surface financière pour avoir quelque chose à partager, ce qui n'est pas toujours le cas.
Par ailleurs, certaines communes de montagne ont fait le choix, ce que la loi leur permettait, d'avoir un prix de l'eau particulièrement attractif, voire gratuit, argument non négligeable lorsque l'on n'est pas à côté de tous les services à la population et que l'on cherche par tous les moyens à maintenir ou attirer des jeunes couples grâce auxquels l'école restera ouverte.
La vraie vie de nos communes, en montagne et en zone rurale, mais aussi la construction de leur avenir, c'est tout cela. L'uniformisation est parfois funeste, sachez le reconnaître ; l'optionnalité peut permettre de prendre en compte ces spécificités et de construire des solutions adaptées, sachons le reconnaître aussi.
Parfois, le transfert de compétences ne permet pas de faire des économies ; il peut même s'avérer plus coûteux. Non, il n'améliore pas nécessairement les services aux administrés et il peut les éloigner de nos concitoyens. Oui, il peut ôter dans certains cas de réels leviers de choix pour nos communes.
En bref, rendre le transfert obligatoire à l'horizon 2026 ne rendra pas ces assertions moins vraies qu'elles ne le sont aujourd'hui. Je regrette donc que nous n'ayons pas pu maintenir l'optionnalité de la mesure et consacrer pour une fois – je rejoins mon collègue Chassaigne – la confiance, la liberté et la responsabilité de choix des élus locaux.