Intervention de Aurore Bergé

Séance en hémicycle du lundi 24 juillet 2017 à 21h30
Confiance dans la vie publique — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurore Bergé :

Dans la présentation qu'il en fit devant l'Assemblée nationale, le duc d'Aiguillon retint le considérant suivant : « L'Assemblée nationale, considérant que le premier et le plus sacré de ses devoirs est de faire céder les intérêts particuliers et personnels à l'intérêt général ». Mes chers collègues, l'intérêt général nous commande aujourd'hui de rénover l'action publique en profondeur, de rompre avec tout ce qui génère du discrédit et du soupçon,

1 commentaire :

Le 26/07/2017 à 17:22, Scravenpouic a dit :

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Il faut l'entendre et non seulement la lire : quelle comédienne ! Madame Bergé a les dents longues et s'inquiète surtout qu'on la remarque.

Sur le fond maintenant :

Ce qui génère chez moi du discrédit et du soupçon, c'est que Jacques Attali se balade de plateau en plateau depuis plus de trente ans sans contradiction réelle pour nous dire ce que devraient faire les politiques publiques et que son candidat soit élu sans la moindre surprise à une majorité écrasante. Il faut comprendre ici que, le discrédit et le soupçon, il vient du fait que ce sont toujours les mêmes qui ont voie au chapitre sur nos supports d'information principaux.

Ce qui génère chez moi du discrédit et du soupçon, c'est qu'il faille des images obtenues dans l'illégalité par des militants associatifs infiltrés dans les abattoirs et les élevages intensifs pour révéler au public les maltraitances sur les animaux que les agro-industries ont intérêt à tenir hors de la conscience des consommateurs.

Le discrédit et le soupçon, il vient du fait que ce soit généralement les lanceurs d'alerte qui sont punis d'amendes lourdes pour avoir précisément fait la transparence. Le discrédit et le soupçon, il vient du fait que ce qui s'engagent bénévolement dans le souci de l'intérêt général ont si souvent l'impression de devoir se battre contre l'État en plus de mener la bataille contre un intérêt privé.

Ce qui génère chez moi du discrédit et du soupçon, c'est que lorsqu'on parle du pantouflage – ça veut quand même dire les anciens lobbyistes au gouvernement ! Eh biens les bancs de la majorité répondent «et alors ?» Ils appellent ça «confiance dans la vie publique» et, après, ils nous disent qu'ils ne voient pas le rapport. L'accumulation des profits sans limite et sans améliorer la condition des salariés dans les grands groupes industriels, l'évasion fiscale et l'optimisation outrancière pratiquée par les mêmes, la concentration des supports d'information, encore aux mains des mêmes, tout cela fait totalement partie de la vie publique et de notre manque de confiance dans la parole qui y est portée. Mais, pour eux, ça n'a rien à voir.

les Marchistes pensent qu'on sera plus confiant parce qu'ils auront fait de l'antiparlementarisme démagogique. Mais je vois que c'est le contraire qui se passe. La démagogie ne calme jamais l'insatisfaction, elle l'attise. Dernièrement, le moindre député qui s'accroche à son enveloppe d'IRFM crée un sentiment d'éloignement entre le «nous» (peuple) et le «eux» (politiciens) qui conforte les citoyens dans une défiance généralisée. Ainsi, le contenu de cette énième loi qui pointe les corrompus et épargne les corrupteurs tout en se réclamant de la «confiance» ne cherche qu'un effet de poudre aux yeux et la mise en conformité avec une proposition du candidat Macron qui n'avait pour autre but, durant la campagne, que celui d'enfoncer le candidat Fillon et qu'il serait bien en peine de ne pas appliquer maintenant.

Il y a eu des lois de moralisation précédemment et on voit déjà venir celle qu'il y aura prochainement, suite aux hausses d'abstention du corps électoral ou de l'impopularité des élus. Car la confiance ne reviendra pas par cette voie.

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