Monsieur le député, vous flattez la diplomate que je suis en évoquant le SEAE. (Sourires.) Le Royaume-Uni est un grand partenaire diplomatique et stratégique de la France – on vient à nouveau de le démontrer lors du sommet de Sandhurst – et de l'Union européenne. La concertation avec le Royaume-Uni se fait au sein de l'Union mais aussi au Conseil de sécurité. Il n'y aurait pas eu d'accord nucléaire avec l'Iran si le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne n'avaient pas été déterminés à entraîner les autres membres permanents du Conseil de sécurité à dialoguer et à négocier avec ce pays du Golfe. Cette concertation étroite va demeurer. À l'intérieur ou à l'extérieur de l'Union européenne, le Royaume-Uni restera un partenaire essentiel. Nous le souhaitons et lui aussi. Naturellement, les Britanniques ne feront plus partie du SEAE. Dans ce domaine, comme dans d'autres, ceux qui se réjouissent du départ du Royaume-Uni parlent un peu vite. Le Brexit est un appauvrissement pour le Royaume-Uni, j'en suis certaine, et pour l'Union européenne, j'en suis certaine aussi. C'est moins bien sans qu'avec. Mais je ne doute pas qu'on mettra en place des processus de coordination.
La question du FED sera traitée. À ce stade, il y a sur ce sujet, comme sur d'autres, des bruits divergents de la part des Britanniques. Certains disent qu'ils souhaitent rester dans le FED, d'autres, qu'ils veulent en sortir. C'est en tout cas l'une des raisons, pas la seule, qui justifie que le FED ne soit pas partie intégrante du budget de l'Union européenne. Si nous voulons maintenir dans ce fonds une présence britannique, il faut qu'il garde sa spécificité.
Les secteurs dans lesquels les deux parties ont intérêt à aller vite sont nombreux. Celui de la coopération universitaire et de la recherche en est un. C'est d'ailleurs l'un des premiers secteurs dont parlent les autorités britanniques. On se souviendra que le Royaume-Uni est, de loin, le premier bénéficiaire des fonds d'Horizon 2020. On pourrait aussi citer la lutte contre le terrorisme et la coopération policière et judiciaire. Le débat commence au Royaume-Uni sur le fait que les Britanniques ne pourront plus bénéficier du mandat d'arrêt européen. Il n'est évidemment pas dans notre intérêt d'avancer en ordre dispersé. Il y a des sujets sur lesquels nos intérêts sont exactement symétriques ; il en est d'autres sur lesquels ils sont asymétriques. Si on séquence les accords que l'on est capable de passer avec le Royaume-Uni sur la relation future, on voit les faiblesses que l'on risque de faire entrer dans la négociation. Bien sûr, il est envisageable, et vraisemblablement dans l'intérêt de tous, que demain, le Royaume-Uni continue à contribuer financièrement aux programmes européens de recherche et à en bénéficier. Mais c'est tout ce qu'on peut dire à ce stade.