Monsieur le président, mes chers collègues, monsieur le ministre de l'éducation nationale, en octobre dernier, vous avez confié une mission à Charles Torossian, inspecteur général de l'éducation nationale, et à moi-même, pour aborder en face la question très préoccupante de notre enseignement mathématique.
Comme vous le savez, les évaluations internationales concordent pour attribuer aux jeunes Français, en moyenne, les pires résultats de toute l'OCDE en mathématique. Cette situation, qui s'est nettement dégradée ces vingt dernières années, est inquiétante pour l'avenir de notre nation, à l'heure où les mathématiques jouent un rôle plus important que jamais dans l'économie et, plus largement, dans la société.
Ces résultats sont particulièrement vexants au pays de Pascal, Galois et Poincaré, qui s'enorgueillit encore aujourd'hui d'une communauté de recherche mathématique nombreuse, reconnue internationalement comme l'une des deux ou trois meilleures du monde. Et surtout, ces résultats traduisent la souffrance de jeunes en situation d'échec et d'enseignants qui désespèrent d'accomplir leur vocation.
Au cours de cette mission, réalisée avec tout un groupe d'experts motivés, nourrie de quantité de contributions, nous avons été choqués par la gravité de la situation, mais nous avons aussi été réconfortés par le consensus des acteurs, et la richesse des initiatives.
Lundi dernier, nous vous avons rendu nos conclusions : un constat sans fard des manquements du système, et vingt-et-une propositions pour y remédier en profondeur. Elles touchent en premier lieu la formation initiale et la formation continue de nos enseignants, et plus généralement le nécessaire renforcement de l'encadrement humain, partout sur le territoire.
Elles traitent en second lieu du respect des bons équilibres du cours de mathématiques, entre sens et technique, entre plaisir et effort, entre manipulation, représentation et conceptualisation, ainsi que ses rapports avec d'autres disciplines comme la physique et l'informatique.
Elles se rapportent enfin à tout ce qui peut enrichir les cours dans le fond, la forme et la motivation : activités périscolaires, jeux, clubs, concours, logiciels, actions de perfectionnement.
Monsieur le ministre, maintenant que vous avez notre diagnostic et nos recommandations, que comptez-vous mettre en oeuvre ? L'État se donnera-t-il les moyens de répondre à cette situation de crise ?