Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du mardi 18 juillet 2017 à 16h30
Commission des affaires sociales

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Monsieur Door, vous avez rappelé le coût de la protection sociale dans notre pays. C'est vrai, ce n'est pas qu'un coût, c'est aussi ce qui fait de notre pays ce qu'il est. Il faut en prendre soin et, comme vous le dites, le travail sera très complexe dans les années qui viennent. Je considère que des économies sont possibles aujourd'hui autour de la pertinence des soins. Nous n'y travaillons pas suffisamment.

Vous me posez la question de la place du service public hospitalier versus le service privé hospitalier. Il faut cesser d'opposer ces secteurs, valoriser la bonne médecine, ceux qui font bien, et arrêter de valoriser la très mauvaise médecine, ceux qui pratiquent des actes inutiles. J'ai discuté de ce changement de paradigme avec les fédérations hospitalières et les syndicats. Je souhaite que nous travaillions collectivement sur la pertinence des actes dont l'amélioration permettrait d'éviter 30 à 40 % des dépenses de l'assurance maladie.

Sachez que nous travaillons avec la CNAMTS et les professionnels à la mise en place des actes de télémédecine. Des mesures seront prises dans le PLFSS pour accompagner tout ce qui pourrait participer à la couverture des déserts médicaux.

S'agissant des actes de prévention, en tant que médecin je pense que c'est une erreur que d'identifier la prévention comme un acte à part. On a trop longtemps cantonné la prévention à d'autres acteurs, d'autres financements, et on ne l'a pas intégrée dans le système de santé. On a l'impression que pratiquer un acte de prévention permet à chacun de se dédouaner du fait qu'il doit avoir un discours de prévention permanent auprès de sa patientèle. Certes, cela peut faciliter une consultation de prévention, mais je ne suis pas sûre que l'on rende ainsi service, sur le long terme, à la prévention qui doit être intégrée en permanence à la façon dont nous voyons le patient qui est devant nous. Nous avons un acte curatif à poser, mais nous devons aussi toujours tenir un discours de prévention, quel que soit le motif de la consultation. Je ne sais pas si c'est cela que vous appelez « acte de prévention », mais nous aurons certainement l'occasion d'y revenir lors de la discussion du PLFSS.

Madame Wonner, vous m'avez interrogée sur la santé psychique. Vous l'avez dit, 25 % de la population est confrontée à un trouble psychique, de l'humeur, une phobie, une dépression, etc. Ce chiffre est en augmentation dans l'ensemble des pays développés, pour diverses raisons. Il y a un enjeu de meilleure structuration, de façon à être dans la prévention, dans un meilleur accompagnement précoce. Vous avez raison, le problème est celui du dépistage précoce, chez l'adulte mais aussi chez l'enfant. Je vais favoriser dès cette année des filières de formation en pédopsychiatrie et de structuration des parcours psychiatriques avec un lien fort avec les médecins généralistes qui doivent être mieux intégrés à la prise en charge de façon à ne pas être démunis lorsqu'un patient atteint d'un trouble psychiatrique vient consulter. Je réunirai prochainement le comité de suivi de la santé mentale et le comité de suivi de la psychiatrie afin qu'ils travaillent à un plan d'aide et de structuration psychiatrique.

Monsieur Perrut, vous m'interrogez sur la difficile question du vieillissement de la population. Vous l'avez dit, c'est un enjeu majeur de long terme et c'est précisément pourquoi je place résolument, dès maintenant, la prévention au coeur de mon action, parce que c'est dans vingt ou trente ans que nous en verrons les bénéfices, avec des personnes âgées qui vieilliront mieux et resteront autonomes.

Un travail en cours vise à une meilleure personnalisation du financement des EHPAD en fonction du degré de perte d'autonomie ou de handicap de la personne. Certains me disent qu'il faut revoir ce financement. Je ne suis ministre que depuis deux mois et je n'ai pas encore eu le temps de me pencher sur ce sujet, ma feuille de route mettant essentiellement l'accent sur la prise en charge des aidants, dont on sait le rôle qu'ils jouent dans l'accompagnement des personnes âgées. Or, ce sont souvent des femmes, qui arrêtent pour cela de travailler sans que cela soit pris en compte dans le calcul leur retraite. Nous aurons l'occasion d'y revenir dans le cadre du PLFSS.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.