J'avoue, Madame de Vaucouleurs, que le sujet de l'éducation spécialisée et des éducateurs spécialisés ne m'est pas encore remonté. Je me trouve donc dans l'incapacité de vous répondre aujourd'hui et j'espère être en mesure de le faire une prochaine fois.
Avec raison, M. Grelier m'a posé la question des déserts médicaux. Les régions et les territoires ne peuvent pas être les seuls à fournir un effort d'attractivité ; il faut responsabiliser les acteurs. J'ai engagé des discussions avec les grands syndicats médicaux, et les médecins pourraient avoir une responsabilité dans les territoires ainsi qu'au regard de la densité de population.
Aujourd'hui, un médecin a une responsabilité vis-à-vis de sa patientèle, mais nous constatons que cela est insuffisant à couvrir les besoins de soins de la population. Certains d'entre eux se sentent investis de cette responsabilité populationnelle et de santé publique au sens large ; singulièrement les jeunes médecins qui adhèrent beaucoup à cette démarche. C'est la raison pour laquelle, dans les maisons de santé publique, les professionnels – qui comptent souvent des jeunes – se considèrent responsables d'un territoire de santé, et sont prêts à aller dans des maisons pour personnes handicapées.
Je pense que nous pouvons travailler avec les acteurs de terrain, les professionnels de santé et les ARS de façon à s'engager sous la forme de contrats de territoires que j'accompagnerai financièrement ; c'est ce que j'explore aujourd'hui dans le plan sur les déserts médicaux. Là encore, je souhaite co-construire avec les intéressés, car on ne peut jamais contraindre quelqu'un, notamment un médecin, à se livrer à un exercice qu'il ne veut pas faire. Je ne crois pas en l'obligation dans le domaine de la médecine : on n'obligera jamais les médecins à s'installer dans un territoire s'ils ne le veulent pas, ils iront faire autre chose.
Il faut donc être très incitatif, accompagner, être volontariste dans la levée des blocages administratifs, favoriser et responsabiliser les intéressés. C'est cette concertation que je mène avec les acteurs de terrain, de façon à ce qu'ils s'engagent, par exemple à consacrer une journée par semaine au cabinet d'un professionnel partant à la retraite. Beaucoup de choses peuvent être imaginées ; pour cela il faut lever les blocages, ce que nous sommes en train de faire.
Au sujet des personnes âgées, l'expression « fin de système » m'est déjà revenue ; vous avez eu raison de l'évoquer, le dispositif est lourd, la population croît, et les restes à charge pèsent ; il y a donc certainement lieu de mener une réflexion globale sur le système.
Si aujourd'hui la question ne figure pas dans la feuille de route, c'est que le sujet n'est pas mûr, nous l'aborderons avec le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge. Nous pouvons accompagner les progrès apportés par la loi du 28 décembre 2015 relative à l'adaptation de la société au vieillissement, et s'il faut aller plus loin dans les années à venir, nous le ferons. Je conserve en tout cas à l'esprit que ce dossier peut être ouvert.
C'est avec raison que vous avez considéré que les délégations départementales des ARS avaient besoin de moyens. J'ignore aujourd'hui si ces moyens seront disponibles, même si je le souhaite, car, comme vous le savez, il va falloir faire des choix et hiérarchiser des dépenses afin de privilégier celles qui servent le public. Je ne suis pas sûre que renforcer l'échelon territorial constitue mon premier choix, même si j'estime que c'est nécessaire. Je cherche avant tout à être utile aux personnes : il faut bien fixer une ligne de conduite dans les choix budgétaires qui sont inévitables.
Madame Iborra, vous avez évoqué l'association des citoyens aux problèmes de prévention ; comme vous l'avez présumé, je ne souhaite pas faire une nouvelle loi de santé, et ne le ferai que si cela devait être absolument nécessaire. La stratégie nationale de santé est inscrite dans la loi ; nous ne la réécrirons pas tous les quatre ans, mais nous allons maintenant écrire une stratégie ambitieuse, consacrée à la prévention, qui fixera le cadre des politiques publiques et dont je considère qu'elle constituera un vecteur suffisant.
Associer les citoyens est très compliqué. Cela doit se préparer dès la plus petite enfance, et l'éducation à la santé doit être un enjeu à l'école, ce que Jean-Michel Blanquer a bien perçu. Je ne connais pas de recette miracle pour favoriser l'appropriation des mesures de prévention, notamment dans les publics vulnérables ; car lorsque l'on est chômeur et que l'on cherche quelques euros pour terminer le mois, je comprends que la priorité n'est pas dans la projection de sa santé à trente ans.
Aussi, lutter pour une meilleure prévention c'est aussi lutter contre l'exclusion et la pauvreté. Tout cela se tient : une meilleure santé, c'est une façon de lutter contre l'exclusion et le déclassement. C'est l'ensemble des politiques que je mène qui favorisera une appropriation des enjeux de santé publique par les citoyens. Je ne voudrais pas culpabiliser les populations les plus éloignées du système de santé et de la prévention, alors que je comprends les raisons pour lesquelles elles ne se sentent pas engagées dans les politiques publiques de prévention qui nécessitent de se projeter à l'horizon de vingt ou trente ans. Il faut donc être attentif à la façon dont on porte les sujets.
Enfin, je précise qu'une mission vient de commencer ses travaux au sujet du numerus clausus.