Je vous remercie, Madame la ministre, de nous avoir exposé votre feuille de route. On mesure que les sujets que vous avez abordés sont d'une urgence bien plus criante que le code du travail qui nous a occupés jusqu'ici…
Nous savons que 8,6 millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté, soit un million de plus qu'en 2014. Je vous rejoins sur le non-recours. Un pays riche comme la France ne peut pas se contenter d'une politique en demi-teinte sur ces sujets, alors que le montant du RSA n'excède pas 450 euros, et qu'un tiers des personnes susceptibles d'y prétendre ne le demande pas.
Au-delà de nos propositions qui passent notamment par la revalorisation du SMIC et des minima sociaux, de façon à ce qu'aucun niveau de vie ne se situe en dessous de 1 000 euros par mois et par personne, je souhaiterais connaître votre avis sur la généralisation possible de la gratuité dans certains domaines : une tarification progressive permettrait par exemple de garantir à chacun une quantité minimale d'eau et de gaz indispensable à la vie.
Vous avez, par ailleurs, évoqué une réforme à venir de la retraite. Ces dernières années, on a justifié l'augmentation de l'âge de départ à la retraite par le fait que, comme nous vivons plus longtemps, nous devons travailler plus longtemps. C'est là ignorer que c'est précisément parce qu'on travaille moins longtemps que l'on vit plus longtemps, mais aussi que la retraite ne peut pas être indexée sur l'espérance de vie puisque l'espérance de vie en bonne santé, voire l'espérance de vie tout court, recule en France depuis 2006.
Puisque votre gouvernement est sensible à la question de l'égalité entre les femmes et les hommes, je vous soumets une proposition : rémunérer de la même façon les femmes et les hommes. Nous ferions en été d'une pierre deux coups puisque les cotisations qui en résulteraient permettraient de financer la retraite à soixante ans.
Je souhaiterais enfin connaître votre avis au sujet des dépassements d'honoraires médicaux, qui rendent la santé toujours plus inaccessible à l'heure où une personne sur dix renonce à se soigner par manque d'argent ou ne peut pas se soigner sans recourir à une assurance complémentaire coûteuse et inégalitaire.