Mais vous le faites de la manière la plus cruelle, la plus injuste et la plus lâche possible pour notre jeunesse car vous n'avez même pas le courage d'avouer la mise en place de la sélection. Vous faites donc reposer la faute sur les épaules des jeunes eux-mêmes, en pariant sur l'autocensure, le découragement ou le manque de ressources personnelles.
Comment comprendre autrement votre souhait de faire remplir aux jeunes un « portefeuille de compétences », un curriculum vitae ou des lettres de recommandation dès l'âge de 17 ou 18 ans pour postuler dans une filière ? Cela devrait pourtant vous sauter aux yeux : quel jeune postulant pour des études de droit pourra bien disposer d'une recommandation d'un avocat : le fils d'ouvrier ou le fils d'avocat ? À votre avis, quel jeune postulant à une école de journalisme pourra attester d'avoir fait un stage dans une enseigne de journalisme : le fils d'ouvrier ou le fils de journaliste ?
Déjà, les rapaces marchandent la peur de l'échec et commencent à vampiriser l'argent des jeunes et de leur famille. Pour construire des bons dossiers, pour éviter un refus, une entreprise propose ainsi un bilan d'orientation à hauteur de 360 euros. Une autre inclut une « formule sérénité » de 560 euros, afin de « bien monter les dossiers ». Un autre programme assure, pour 348 euros, du coaching pour créer un bon dossier sur Parcoursup.