Je rappelle que la DINSIC reste une petite structure qui compte cent quarante personnes, quarante d'entre elles se consacrant au RIE. Ses homologues anglo-saxons, comme le White House Chief Technology Officer (CTO) ou le Government Digital Service (GDS), font le double ou le triple de sa taille. Nous avons en conséquence essayé d'optimiser nos ressources. Faut-il faire grossir la DINSIC ? M. Mounir Mahjoubi se pose la question, et d'ici à un an, notre stratégie pourrait être encore plus ambitieuse.
Lorsque j'interroge mes collègues des DSI ministérielles ou des opérateurs sur le plus gros problème qu'ils rencontrent, ils me répondent unanimement qu'ils n'arrivent pas à recruter. Ce problème concerne d'abord les fonctions classiques, comme celles d'administrateur système, parce que les candidats ne viennent tout simplement pas chez nous. Il concerne ensuite les profils rares et atypiques vraiment indispensables, comme les data scientists, les UX designers, parce que les règles de recrutement des contractuels dans la fonction publique rendent leur embauche trop complexe.
Les principaux obstacles ne viennent pas nécessairement du code la fonction publique. Il y a bien sûr une question d'argent – le public ne paie pas bien, moins bien, en tout cas, que le privé –, mais cette question n'est pas la plus déterminante. La DINSIC compte 60 % de contractuels dont beaucoup sont des entrepreneurs ou des profils rares et atypiques – président d'association, serial entrepreneurs... Ils sont exaspérés et poussés à nous quitter après deux ou trois ans par ce qui leur apparaît comme des mesquineries ou des vexations. Certains sont prêts à abandonner un CDI pour venir travailler trois ans pour l'État en CDD en gagnant moins : ils peuvent mal prendre que l'on discute sur 100 euros et se dire que l'on ne veut vraiment pas d'eux.
Autre exemple, qui ne relève pas des textes mais d'un usage : lors du renouvellement de leur CDD, il est remis en compétition. Cela peut ne pas être compris. Je connais un expert qui, après huit ans de bons et loyaux services pour l'État, a découvert que le CDI qu'il venait de signer comportait une période d'essai de trois mois. Il a considéré que la coupe était pleine. Tout cela ne repose pas nécessairement sur le droit, mais plus souvent sur les moeurs.