Intervention de Jean-Michel Mis

Séance en hémicycle du jeudi 15 février 2018 à 15h00
Adaptation au droit de l'union européenne dans le domaine de la sécurité — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Mis, suppléant M Christophe Euzet, rapporteur de la commission mixte paritaire :

Madame la présidente, madame la ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur, mes chers collègues, pour la troisième fois depuis le début de cette XVe législature, un rapporteur de la commission des lois monte à la tribune pour faire part à l'Assemblée nationale du succès d'une commission mixte paritaire. Nous pouvons nous féliciter de l'approche constructive que nous partageons avec nos homologues du Sénat, puisque notre taux de réussite en la matière atteint désormais 75 %. Nos concitoyens doivent savoir que leurs élus travaillent sans perte de temps et dans le sens de l'intérêt général.

Sur ce projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne dans le domaine de la sécurité, la commission mixte paritaire a trouvé un accord de sagesse. Les versions issues des deux assemblées étaient au demeurant proches dès l'origine. Les rares divergences ont pu être aplanies par un dialogue à la fois efficace et ouvert des deux rapporteurs, le sénateur Philippe Bonnecarrère et notre collègue Christophe Euzet, que je supplée aujourd'hui. Je n'oublie pas non plus le soutien bienveillant de la présidente de notre commission des lois, Mme Yaël Braun-Pivet, et de son homologue sénateur, M. Philippe Bas.

Quelles étaient donc et comment les avons-nous résolues pour vous présenter maintenant un texte consensuel ? Soyons concis : il n'y avait en réalité que deux sujets de désaccord. Le premier point était le risque d'inconstitutionnalité soulevé par le Sénat à propos de l'article 6, relatif aux obligations s'imposant aux opérateurs de services essentiels en matière de cybersécurité. L'Assemblée nationale ne partageait pas la crainte du Sénat mais s'était attachée, au cours des débats, à recueillir des précisions et des garanties juridiques. Celles-ci, associées à quelques modifications très mineures, ont suffi à rassurer les sénateurs. La commission mixte paritaire a donc pu adopter une rédaction de compromis qui convient à tous.

Le second point, qui avait trouvé un écho chez certains de nos collègues en première lecture, malgré les explications du rapporteur et les engagements du Gouvernement, avait trait au régime juridique des armes historiques et de leur reproduction.

Les sénateurs souhaitaient inscrire dans la loi un principe de liberté de détention ; les députés avaient fixé pour ligne rouge le respect absolu des prescriptions du droit européen. Là encore, la sagesse a prévalu et nous sommes parvenus à un compromis.

Nous avons accepté que le législateur empiète sur le domaine du règlement, en classant les armes historiques stricto sensu en catégorie D. Le Sénat a concédé que seul le Gouvernement pourrait édicter le régime spécifique des reproductions et des armes neutralisées, qu'il vous reviendra donc, madame la ministre, d'affecter en catégorie C.

Voilà, mes chers collègues, comment la commission mixte paritaire a tranché les deux seuls débats de fond qui demeuraient entre l'Assemblée nationale et le Sénat. Je rappellerai, pour mémoire, que les dispositions relatives au programme Galileo avaient été adoptées conformes.

La transposition en droit interne de directives européennes n'est pas l'activité la plus satisfaisante pour un parlementaire national. Les marges de manoeuvre sont très réduites ; les questions politiques sont pour la plupart déjà tranchées ; le développement de nouveaux sujets est très encadré.

Avec ce texte, toutefois, nous faisons oeuvre utile pour la cybersécurité, en apportant une première réponse à la nécessité d'harmoniser les dispositifs de sécurité avec nos voisins et partenaires européens, face aux menaces d'une criminalité sans frontière et sans limite. Le cyberrisque est en continuelle mutation. Il évolue au rythme non seulement des technologies, des systèmes informatiques et électroniques, mais aussi des capacités techniques des individus et des organisations acteurs de la cybermalveillance.

Ce sont autant de facteurs qu'il nous faudra garder à l'esprit afin d'apporter des réponses en adéquation avec une problématique en perpétuelle évolution.

S'agissant du contrôle des armes, le durcissement du régime pour certaines armes est affaire de bon sens. Toute mesure en faveur du renforcement de la sécurité publique ne peut qu'être encouragée dans la période de tension que nous traversons.

Pour ce qui concerne nos capacités de radionavigation, nous sommes désormais dotés d'un système de radionavigation par satellite, qui fera concurrence au système américain GPS. Outre ce service, le système Galileo émet un signal sécurisé de haute précision, le service public réglementé – SPR – , réservé aux utilisateurs autorisés par décision gouvernementale. Ce signal chiffré, protégé contre le brouillage et le leurre, est destiné à des utilisations nécessitant une grande fiabilité du signal, contrôlé par les États.

Il nous fallait donc nous doter des outils juridiques nécessaires à la mise en oeuvre des mesures de contrôle de l'accès à ce signal sécurisé. Ces mesures permettront à la France d'assurer un haut niveau de sécurité du service public réglementé, dont les applications, notamment en matière de sécurité et de défense, contribueront à assurer en toutes circonstances la protection de nos concitoyens. Elles permettront aussi de sortir de la dépendance vis-à-vis des systèmes de positionnement par satellites étrangers, dont le contrôle échappe totalement aux pays européens.

L'apport de l'Assemblée nationale n'est pas négligeable puisque c'est à notre initiative et plus particulièrement à celle de notre rapporteur, Christophe Euzet, que la France pourra adhérer sans réserve au protocole des Nations unies sur les armes à feu.

Tout cela n'est pas rien : nous avons bien agi et nous avons travaillé dans la concorde, en bonne entente et en bonne intelligence avec le Sénat. Je vous appelle donc à voter résolument le texte qui vous est soumis et à approuver ainsi les conclusions de la commission mixte paritaire.

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