Sept jours et le droit de la défense : voilà tout le sujet de cet article. Je pense qu'il est possible, en matière d'asile et d'immigration, de suivre une voie humaine, digne et ferme à la fois, car nous ne pouvons certes pas accueillir la terre entière. Et c'est cette voie que je continuerai, avec nombre de collègues, à défendre lors des débats sur le projet de loi sur l'asile, l'immigration et l'intégration, qui présente des avancées tout à fait positives dans ses orientations, mais qui pourtant m'interroge.
On fait de l'immigration un problème de police, alors que c'est un sujet de société. L'asile, l'immigration, les flux migratoires, ne sont pas derrière nous : ils restent devant nous. Le monde rétrécit. C'est un enjeu majeur que de le reconnaître « et que des populations de religions et de cultures différentes vont devoir apprendre à vivre ensemble », pour reprendre les mots du documentaire qui l'illustre admirablement bien, Human Flow d'Ai Weiwei. Nous retrancher derrière une question de maintien de l'ordre public n'est pas à la hauteur de l'enjeu et des valeurs que la France porte en elle, et ce même s'il s'agit aussi, bien sûr, de cela – mais pas uniquement. La question de l'immigration devrait être traitée à travers plusieurs politiques publiques et de façon interministérielle : le ministère de la santé et celui du travail sont extrêmement concernés, tout comme le ministère de la culture. Nous ne devons pas craindre le débat public sur l'accueil, l'asile, l'immigration ou encore l'intégration ; c'est un débat sain et porteur d'avenir. La proposition de loi de ce jour et le projet de loi à venir nous permettent d'aborder la question, mais nous devons initier un débat plus large avec l'ensemble des Français.