Intervention de Sébastien Chenu

Séance en hémicycle du mardi 20 février 2018 à 9h30
Questions orales sans débat — Conditions de travail à l'hôpital public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Chenu :

Ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé. Le 16 décembre dernier, une infirmière de l'hôpital de Denain, dans ma circonscription, a tenté de mettre fin à ses jours en s'injectant elle-même un produit amenant à la mort. Sauvée de justesse par ses collègues, elle a heureusement survécu. Malheureusement, le 16 janvier, un jeune homme en pleine force de l'âge, lui aussi infirmier à l'hôpital de Denain, a eu moins de chance : il a été retrouvé pendu à son domicile, et il n'a pas été possible de le ramener à la vie.

Le métier d'infirmier en hôpital public est un métier exigeant et compliqué. Les conditions de travail sont difficiles et peuvent parfois fragiliser la santé psychologique du personnel hospitalier. Ces conditions de travail vont en se dégradant, et il est possible que ce soit là l'une des causes, parmi d'autres, de ces tragiques événements.

Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail – CHSCT – a pointé l'explosion de l'activité de l'hôpital de Denain : le nombre annuel d'entrées est passé de 27 000 à 30 000 en trois ans, soit une hausse de 10 %, sans augmentation des moyens. Les agents hospitaliers dépassent régulièrement le temps de travail qui est normalement le leur, ce qui conduit à l'épuisement professionnel, dont nous avons parlé récemment dans cet hémicycle, et donc à une augmentation des arrêts maladie, sans que le personnel absent puisse être remplacé.

Au-delà des heures supplémentaires, il existe aussi un souci d'un autre ordre : l'insécurité a passé la porte de l'hôpital public. Bien trop souvent, le personnel y est confronté, et des violences tout à fait nouvelles viennent nuire à la marche de ce service public ô combien important et nécessaire dans notre département comme partout ailleurs.

Certains pourraient être tentés de considérer que ce sont là des problématiques locales, limitées au Denaisis ou au Nord, mais il n'en est rien. Vous n'êtes pas sans savoir que cette situation n'est que le reflet de celle, plus globale, de l'hôpital public dans notre pays – il faudrait d'ailleurs également mentionner les pharmaciens. Nous devons nous poser sérieusement la question, en tant que parlementaires, du lien qui pourrait exister entre les conditions de travail que j'ai mentionnées et le malaise psychologique du personnel hospitalier. Nous ne pouvons pas faire l'économie de cette réflexion.

Dans ce cadre, nous devons réfléchir à l'impact de la loi HPST – Hôpital, patients, santé, territoires – de 2009, votée essentiellement pour des considérations d'ordre financier. Si le service public hospitalier doit être modernisé, ce que nous sommes tous prêts à croire, l'obsession financière ne peut être la finalité d'une politique publique.

Madame la secrétaire d'État, pour ce jeune homme du Denaisis, ainsi que pour tout le personnel des hôpitaux publics à qui nous devons tant, aurez-vous le courage d'analyser objectivement les résultats de la loi HPST afin que nous puissions ensemble en tirer toutes les conséquences et aborder la réforme de l'hôpital public en plaçant ses agents au centre de notre action, alors même que leur rôle crucial n'a pas été mentionné par la ministre de la santé lorsqu'elle a présenté ses premières pistes de réflexion ?

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