Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 20 février 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Avenir du transport ferroviaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Monsieur le Premier ministre, ma question porte elle aussi sur le rapport Spinetta. C'est vrai, les trains de voyageurs sont aujourd'hui plus chers, plus lents sur certaines lignes Intercités, moins à l'heure, connaissent plus de problèmes techniques et desservent moins de gares et de lignes qu'il y a trente ans. Quant au fret ferroviaire, il a pratiquement disparu au profit du tout camion.

Est-ce à cause des éléments pointés par ce rapport ? Est-ce à cause du statut des cheminots, que vous attaquez une fois de plus en les jetant à la vindicte populaire avec des mensonges éhontés, concernant des primes inventées et des salaires prétendument mirifiques – alors qu'ils n'excèdent que de 100 euros le salaire médian français – , ou bien un régime de retraite déjà écorné en 2008 ? Est-ce à cause de la dette ? Celle-ci provient en grande partie de la création même de la SNCF, du désinvestissement de l'État, de la politique du tout TGV et enfin de la gabegie qu'a constitué la séparation entre le rail et le roulant. Est-ce à cause des petites lignes, alors que vous avez déjà fermé nombre d'entre elles au nom de la rentabilité ? Des centaines de milliers de Français n'ont plus de gare et attendent toujours les cars Macron, qui ne s'arrêtent pas chez eux puisqu'ils n'ont aucun intérêt financier à le faire.

Ce rapport passe à côté de vraies questions, que vous devriez vous poser. À l'heure où le réchauffement climatique devrait nous conduire à privilégier toujours le transport le plus écologique, comment comprendre qu'un rapport conseille le recours à la route ? À l'heure où coexistent des mégapoles qui se développent de façon inconsidérée et des régions toujours plus oubliées de la République, comment ne pas voir que le train reste un outil essentiel pour l'aménagement du territoire ? Plus que jamais, le train devrait être un service public au service de l'intérêt général et non de la rentabilité à court terme.

Monsieur le Premier ministre, ne préparez-vous pas la casse du service public ferroviaire, au nom de l'ouverture à la concurrence, que presque tous les partis représentés ici ont acceptée, au Parlement européen, lors de l'adoption des différents paquets ferroviaires ? En outre, de quel droit vous préparez-vous à privatiser un bien de la nation ?

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